La Banque de France freine sur le livret A mais veut accélérer sur le LEP

July 18, 2023
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Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, recommandait tout récemment au ministre de l’économie de déroger au relèvement automatique de la rémunération du Livret A de 3 % à 4,1 %, pour suivre l’inflation dans le pays. Recommandation suivie à la lettre par Bruno Le Maire, qui a annoncé jeudi 13 juillet que le taux d’intérêt du Livret A et celui de son frère jumeau, le livret de développement durable et solidaire (LDDS), resteront bloqués à 3 % pour les dix-huit prochains mois.

Le gouverneur et le ministre ont affirmé que relever la rémunération de ces produits, « serait préjudiciable à notre activité économique et à la croissance », puisqu’elle inciterait les Français à épargner plutôt qu’à consommer. En outre, cela conduirait à renchérir le coût du logement social et pèserait sur les marges des banques déjà fragilisées par la hausse des taux d’intérêt. Et surtout, argumente le gouverneur de la Banque de France, « l’inflation a commencé à diminuer assez significativement ».

La poursuite de cette tendance laisserait donc à penser que le taux de 3 % permettra une rémunération « sensiblement supérieure à l’inflation au cours de l’année 2024 ». En attendant, les 56 millions de détenteurs de Livret A que compte le pays voient leur épargne perdre de sa valeur : le manque à gagner en termes de taux d’intérêt pour les titulaires des livrets concernés (Livret A et LDDS) est estimé à 2,8 milliards d’euros, pour 510 milliards d’euros de dépôts au total.

Un signal positif pour les foyers modestes

En comparaison, le Livret d’épargne populaire (LEP), pourtant calqué sur les autres produits, semble devoir échapper à cette argumentation. Ce produit réservé aux Français modestes bénéficie en effet d’un régime bien plus favorable. La rémunération passera, à compter du 1er août, à 6 % au lieu de 6,1 % − au-dessus, donc, du taux de 5,6 % qui aurait été atteint par une application stricte de la formule de calcul.

De plus, le plafond des dépôts va être relevé de 7 700 à 10 000 euros. Une différence de traitement qui s’explique par la volonté de protéger l’épargne des catégories les moins favorisées, alors que les temps sont durs pour le pouvoir d’achat : le plafond des revenus fiscaux donnant droit à l’ouverture d’un LEP est de 21 393 euros pour un célibataire, 32 818 euros pour un couple sans enfant et 38 531 euros pour un couple avec un enfant.

Elle s’explique aussi par le fait que le LEP représente un encours près de dix fois inférieur à celui du Livret A − 58 milliards d’euros pour le premier contre plus de 500 milliards pour le second. Une hausse de la rémunération de l’épargne populaire donne un signal positif aux Français modestes tout en ayant beaucoup moins d’impacts défavorables sur l’économie, et représente un coût bien plus faible pour les banques qu’une mesure équivalente pour le Livret A.

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Source: Le Monde