Face à la menace russe, les dépenses militaires de l'Otan s'envolent
Publié le 18 juil. 2023 à 18:43 Mis à jour le 18 juil. 2023 à 19:07
Des chars à l'assaut des lignes adverses, des obusiers qui pilonnent les positions ennemies, des milliers de soldats dans la boue des tranchées… La guerre en Ukraine a montré aux puissances occidentales qu'elles n'étaient pas à l'abri d'un retour des conflits à haute intensité. Et qu'elles y étaient mal préparées, après des années de coupe des budgets de défense.
La prise de conscience est patente. Sur les dix dernières années, 26 des 30 membres de l'Otan possédant une armée (l'Islande, le 31e, n'en a pas), ont augmenté le poids de leur budget de défense rapporté à leur PIB, selon les données diffusées par l'organisation lors du sommet de Vilnius.
En 2014, année de l'annexion de la Crimée par la Russie, seuls trois pays de l'Alliance - les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Grèce - dépassaient la barre des 2 % du PIB dédiés aux dépenses militaires. En 2023, ils devraient être 11. La France, pour sa part, est encore juste en dessous du seuil fatidique fixé par l'Alliance. « Les alliés ont réalisé des progrès considérables s'agissant d'augmenter les dépenses de défense et d'investir dans des équipements majeurs », se félicite l'Otan.
Depuis la fin de la guerre froide, les budgets des armées des pays de l'Otan se sont effrités. Après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, les pays de l'Alliance ont été contraints de changer leur fusil d'épaule, en s'accordant sur un « engagement en matière d'investissements de défense », à hauteur de 2 % du PIB de chacun d'entre eux.
La guerre à grande échelle en Ukraine depuis 2022, avec les combats les plus meurtriers en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, a accéléré le processus et montré les lacunes de l'Alliance Atlantique.
Pic en 2023 et 2024
Pour l'Otan, l'invasion russe de l'Ukraine constitue « la plus grave menace pour la sécurité euroatlantique depuis des décennies » et requiert une « posture de dissuasion et de défense qui reste crédible et efficace ».
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« Il va y avoir un pic de dépenses militaires des pays de l'Otan sur 2023-2024, avec des augmentations qui peuvent atteindre 30 à 40 %, qui sont vraiment énormes, comme en Pologne » , indique Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
« Ça va durer deux-trois ans »
« Ce sont des pics correspondant à des acquisitions, soit pour accroître le nombre de capacités, avec la crainte liée à l'invasion russe de l'Ukraine, soit pour reconstituer des stocks d'équipements donnés à l'Ukraine », explique le chercheur.
Ces hausses des budgets de défense sont surtout conjoncturelles et ne devraient pas se maintenir : « L'augmentation des budgets correspond à des 'achats sur étagère', ça va durer deux-trois ans, poursuit Jean-Pierre Maulny. Le jour où la guerre en Ukraine va s'arrêter, les budgets ne seront plus aux niveaux que l'on voit d'aujourd'hui. »
Le budget militaire allemand, qui se rapproche par exemple des 2 % du PIB en intégrant le « fonds spécial » de 100 milliards d'euros annoncé par Olaf Scholz pour moderniser les troupes, reste bien en deçà du seuil fixé par l'Alliance si l'on exclut ce fonds.
Source: Les Échos