A Bruxelles, un sommet laborieux entre Europe, Amérique latine et Caraïbes
De gauche à droite, le président argentin, Alberto Fernandez, le premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph Gonsalves, le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors du sommet EU-Celac, à Bruxelles, le 18 juillet 2023. FRANCOIS WALSCHAERTS / AP
Charles Michel, le président du Conseil européen, l’a défini comme un « succès après huit ans d’attente ». « Un sommet historique », a surenchéri Ralph Gonsalves, le premier ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines qui préside la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac). Mais à y regarder de plus près, la réunion de la soixantaine de dirigeants européens, latino-américains et caribéens, qui s’est déroulée à Bruxelles lundi 17 et mardi 18 juillet, été plus que laborieuse. Et les succès sont rares à la lecture de la déclaration finale, adoptée par l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement.
La faute en incombe d’abord à la guerre que mène la Russie en Ukraine depuis quinze mois, qui a rendu les débats difficiles entre les dirigeants des deux continents. Malgré quinze jours de préparation entre les capitales, il a fallu repousser de plusieurs heures la fin des débats, mardi après-midi, pour trouver une formulation acceptable par l’ensemble – ou presque – des soixante pays.
Dans leur déclaration finale, les dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation sur la guerre en cours contre l’Ukraine », sans mentionner Moscou. Cette phrase plus que minimale n’a, de plus, pas été validée par tous. Le Nicaragua de Daniel Ortega a refusé de soutenir le texte. De nombreux pays ont évité de suivre les Européens dans la condamnation de la Russie. « Ce n’était pas un sommet sur l’Ukraine, rappelle Ralph Gonsalves. C’était important pour l’Europe et nous l’avons compris. Et la majorité des pays ont condamné cette guerre. »
Mercredi matin, Lula a assuré lors d’une conférence de presse à Bruxelles que « le monde commence à se fatiguer. Les pays commencent à être fatigués » par cette guerre. « Nous avons parlé avec la Chine, l’Indonésie, avec les autres pays d’Amérique latine, un groupe de pays convaincus que la paix est la meilleure voie (…). Il faudra qu’il y ait un groupe de pays capables de parler à la Russie et de parler à l’Ukraine. » Il a ajouté que pour négocier la paix, il faudra bien que « la Russie retire ses troupes ».
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Multiples protocoles d’accords économiques
Au-delà de l’Ukraine, les leaders des deux continents espéraient des avancées sur d’autres sujets. Le bilan, à cet égard, est un peu meilleur. Les dirigeants latino-américains ont applaudi, lundi, lors d’un forum économique organisé par la Commission, l’annonce de 45 milliards d’euros d’investissements sur leur continent par l’Europe, qu’il s’agisse des Etats ou des institutions de l’UE. Une somme dont l’importance est saluée par Gaspard Estrada, directeur exécutif de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes à Sciences Po Paris. Il rappelle que « la question économique, c’est le nerf de la guerre. Si la Chine s’est démultipliée dans la région, c’est parce qu’elle y a beaucoup investi ».
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Source: Le Monde