En Espagne, les difficultés économiques des ménages s’invitent dans la campagne des législatives
Une affiche électorale géante représentant le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, avec l’avion officiel du gouvernement et le message, non visible sur cette photo, indiquant repré« Allez au Maroc. Libérez le palais de la Moncloa ». A Madrid, le 17 juillet 2023. PAUL WHITE / AP
« España va como una moto. » Comprenez : « L’Espagne fonce à plein régime. » Le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, ne cesse de le répéter depuis qu’il a convoqué des élections législatives anticipées pour le dimanche 23 juillet. Alors qu’il est attaqué par l’opposition de droite sur les accords politiques scellés ces dernières années avec son partenaire de coalition de la gauche radicale Unidas Podemos, ou avec les indépendantistes de la Gauche indépendantiste de Catalogne, il a misé sur son bilan économique pour tenter de faire mentir les sondages, qui anticipent une victoire du Parti populaire (PP, droite). Si les pronostics se confirmaient, ce serait la première fois que le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) perdrait le pouvoir sans que le royaume traverse une crise économique.
Après cinq ans à la tête de l’exécutif, M. Sanchez égrène donc ses réussites lors des meetings et sur les plateaux de télévision. Son gouvernement a augmenté le salaire minimal de près de 47 % depuis qu’il a pris le pouvoir, en juin 2018. Il a aussi réindexé les retraites sur l’inflation, ce qui a permis une revalorisation de 8 % en 2023, et réformé la loi « travail » afin de limiter le recours aux contrats précaires. Ainsi, la part d’emplois à durée déterminée est passée de 26 % à 17 %.
De surcroît, près de 2 millions d’emplois ont été créés et le chômage a baissé de deux points, même s’il reste l’un des plus élevés de l’Union européenne, à 13,3 % des actifs. L’inflation est redescendue à 1,9 % en juin, sous l’objectif de 2 % fixé par la Banque centrale européenne (BCE). Et le produit intérieur brut (PIB), qui a bondi de 5,5 % en 2022, devrait encore croître de 2,3 % en 2023, le double de la moyenne européenne prévue.
Pourtant, si l’on en croit les enquêtes d’opinion, le message ne passe pas. Non seulement l’économie n’est pas le principal thème de la campagne, mais, « derrière les bons résultats macroéconomiques, les conditions de vie ne sont pas si bonnes, souligne la vice-présidente du gouvernement et ministre du travail, Yolanda Diaz, candidate du mouvement de la gauche alternative Sumar, qui rassemble une quinzaine de partis à la gauche du PSOE. « L’inflation frappe ceux qui possèdent le moins. Le coût de la vie a augmenté et les professionnels de la santé et de l’éducation sont épuisés depuis la pandémie [de Covid-19]. »
« Les inégalités se sont accentuées »
Dans la rue, lors des réunions de famille ou aux terrasses des cafés entre amis, la hausse des prix alimente les discussions et préoccupe classes moyennes et populaires. Car si l’inflation est passée sous 2 %, notamment grâce à la suppression de la TVA sur certains aliments, en cumul, depuis 2018, les prix ont crû de près de 30 % et la facture d’électricité a gonflé de 40 %, malgré l’« exception ibérique », mécanisme permettant de plafonner le prix du gaz.
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Source: Le Monde