des militaires ukrainiens racontent la contre-offensive dans l'Est
En Ukraine, l’armée est en difficulté dans l’est du pays, où les forces russes concentrent leurs attaques depuis plusieurs jours. Dans la région de Koupiansk et Lyman, les soldats ne le cachent plus : résister devient difficile.
Sur un front d’à peine 150 kilomètres, la Russie mobilise autant de militaires qu’elle l’a fait en Afghanistan. Mercredi 19 juillet, l'armée russe a affirmé avoir avancé de plus d'un kilomètre lors d'"opérations offensives" au nord de la ville de Koupiansk, dans le nord-est de l'Ukraine, et revendiqué la capture d'une gare ferroviaire. "Au cours de la journée, l'avancée des unités russes s'est élevée à plus d'un kilomètre en profondeur et jusqu'à deux kilomètres le long du front. Les unités ont capturé la gare de Moltchanovo", à moins de 20 km au nord de Koupiansk, a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
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Et pour cause, assure Serhiy Cherevaty, porte-parole des forces armées pour l’est de l’Ukraine : Moscou concentre ses forces. "Ils ont plus de 100 000 hommes, à peu près 900 chars, 550 canons d’artillerie, 370 lance-roquettes multiples ! On a plus de succès, on est mieux préparés, on est plus motivés, mais en face de nous, il y a des forces en très grande quantité".
Des soldats qui manquent d'obus et vivent "l'enfer"
À Lyman, c’est le bataillon des forces spéciales commandé par Zahar qui est en première ligne face aux Russes. "Depuis qu’ils ont fait leurs rotations au début de l’été, ils ont nettement intensifié leurs assauts. Ce mois-ci, c'est quasiment tous les jours, comme des fléchettes... "
Le soldat nous montre des sortes de pointes en acier équipées d’ailettes qu’il a ramassées sur le terrain : ce sont des fléchettes meurtrières déjà utilisées à Boutcha. Un seul obus peut en expulser près de 10 000. "Nous, on n’a pas d’obus comme ça. On manque d’obus même pour notre artillerie à longue portée. Nos usines de production ont été partiellement détruites après 2014."
La carte de l'offensive russe dans l'est de l'Ukraine. (Copyright Deep State)
Des pénuries qui conduisent à des situations difficiles. "Les gars ont subi l’enfer. Je ne sais pas comment ils ont tenu. Je ne sais pas comment on tient", ajoute Zahar.
La contre-offensive est-elle un échec ?
Andrei, du même bataillon, veut malgré tout y croire."Bien sûr qu'on a des pertes, on ne s’en cache pas. Mais l’ennemi en a beaucoup plus que nous. Dans notre zone d’opération, c’est 1 pour 10."
Tout le monde parle de la contre-offensive. "On essaie ici ou là, dans différents endroits, on cherche un point faible. Pour moi elle n’a pas encore commencé." Les hommes qui se battent sur le front de Lyman s’accordent sur ce point : malgré les difficultés, il est bien trop tôt pour dire que la contre-offensive ukrainienne est un échec.
Source: franceinfo