Jonas Vingegaard se défend face au souoçons de dopage : "Je peux vous le dire la main sur le cœur, je ne prends rien"

July 20, 2023
460 views

Après le rinçage, l'essorage. Jonas Vingegaard a toujours affiché sa certitude que la troisième semaine lui serait favorable. C'est peu dire qu'il a eu raison. Un chrono à la portée historique mardi entre Passy et Combloux pour porter l'estocade. Puis le coup de grâce le lendemain, sans avoir eu besoin d'en rajouter puisque Tadej Pogacar s'est effondré tout seul. Touché moralement et physiquement, le Slovène a rendu les armes sans combattre, non par absence de volonté mais faute d'essence dans un réservoir à sec.

Mais il y a une contrepartie pénible à la manière dont le Scandinave a écrasé son rival et ce Tour si longtemps à suspense en un temps record. Vingegaard était très fort, le voilà désormais beaucoup trop fort pour le reste du peloton. Or par définition, dans le cyclisme, celui qui gagne fait naître le soupçon. Celui qui écrase ne bénéficie même plus de la présomption d'innocence. Il est présumé dopé.

"La performance de Vingegaard sur le chrono est irrationnelle"

Je comprends que c'est difficile de faire confiance au cyclisme avec ce qui est arrivé dans le passé

"Je ne prends rien", avait déjà clamé Vingegaard il y a quelques jours. Mais cela n'a pas pesé lourd à côté de sa performance surréaliste dans le contre-la-montre, et pas plus face à l'étendue de sa supériorité, puisqu'il compte aujourd'hui plus de 7 minutes 30 de marge sur son ex-grand rival, le troisième du classement général étant lui repoussé au-delà des 10 minutes. Des écarts devenus rarissimes sur le Tour.

Mercredi soir, à Courchevel, le sujet est donc sans surprise revenu sur la table. L'accusé Vingegaard ne s'est pas levé, mais il a dû répondre, à nouveau. "Je comprends que c'est difficile de faire confiance au cyclisme avec ce qui est arrivé dans le passé. Mais je peux vous le dire la main sur le cœur : je ne prends rien et je ne prendrais rien que je ne donnerais pas à ma fille de deux ans", a assuré l'homme (très) fort de la Jumbo-Visma après voir définitivement écrasé le Tour mercredi.

Jonas Vingegaard n'est pas le premier ni sans doute le dernier maillot jaune à clamer son innocence. Malheureusement pour lui, l'exercice est vain. Peut-être paie-t-il pour tous ses prédécesseurs ayant allègrement menti, mais ce discours n'est plus audible pour le grand public. Tant d'autres ont juré leurs grands dieux que jamais ils ne s'étaient dopés et que jamais ils ne se doperaient...

Vingegaard en mode supersonique : revivez son arrivée dans les roues de Pogacar

La main sur le cœur ne suffit pas

Il faut ainsi revoir Lance Armstrong déplorer micro en main sur le podium des Champs-Elysées que "certains ne croient pas aux miracles". Ou Floyd Landis, successeur du Texan au palmarès dont ils ont tous les deux été éradiqués depuis, expliquer que son éducation, son environnement et son style de vie le rendaient totalement incompatible avec la simple idée du dopage. C'était au printemps 2006, peu avant son éphémère sacre sur le Tour. Landis était extraordinairement convaincant. On avait envie de le croire. On connait la suite. Et la liste ne se limite pas aux deux Américains.

Il ne s'agit pas de dire que les mots du futur double vainqueur du Tour doivent renforcer les soupçons déjà bien présents autour de lui. Mais ils ne suffiront certainement pas à les dissiper. Même la main sur le cœur. "Évidemment, les questions ne sont pas illégitimes sur les différents soupçons. On vit avec depuis longtemps", a réagi mercredi matin sur France Info le directeur du Tour Christian Prudhomme, tout en rappelant que "le maillot jaune est testé tous les jours et son vélo aussi."

Pogacar en perdition, Vingegaard a définitivement assommé le Tour : le film de l'étape

Dans le peloton, tout le monde reste prudent, à l'image de Thibaut Pinot. Le grimpeur franc-comtois n'a jamais été le dernier à dire tout haut ce qu'il pense sur le sujet, mais il n'est pas encore prêt à sauter dans le train du soupçon. Et s'il en a, il les garde pour lui pour le moment. Pinot invite notamment à se méfier des comparaisons hâtives avec le passé. Pour lui, les performances peuvent varier en fonction de divers éléments, qu'il s'agisse du vent, du revêtement, de la position de tel ou tel col sur le parcours. "Dans le Grand Colombier par exemple, on avait un gros vent de dos", explique-il, tout en glissant "mais oui, ça va très vite".

Source: Eurosport FR