Et c'est parti pour l'orgie de résultats d'entreprises
"Un jour, on a l'impression que l'économie mondiale s'effondre, le lendemain, tout va bien. Je ne sais pas ce qui se passe". C'est Elon Musk qui a lancé ça hier soir en marge des résultats trimestriels de Tesla. C'est un constat assez lucide, qui montre que même les dirigeants de grandes entreprises sont un peu spectateurs des remous actuels. Les publications trimestrielles des entreprises occupent largement le terrain médiatique, en attendant le retour en selle des banques centrales la semaine prochaine. Je vais aussi vous parler ce matin de ce que pensent les gérants à l'heure de l'apéro en pleine canicule.
Depuis hier soir, les marchés ont basculé en mode "les résultats d'entreprises dictent la tendance", comme ils le font quatre fois par an. Pour cette saison estivale 2023, le coup d'envoi correspond à la publication des résultats de Netflix, Tesla et IBM hier soir aux Etats-Unis. Les trois dossiers baissent hors séance, ce qui ne signifie pas que tout est à jeter dans leurs annonces, ni que ces évolutions sont définitives : on sait bien qu'il faut que la poussière retombe avant d'y voir vraiment clair. A partir de maintenant, l'orgie de chiffres va démarrer et les financiers vont commencer à tirer des bilans. Si le sujet vous intéresse, vous pouvez accéder à ceux que dresse FactSet chaque vendredi, en comparant les résultats des sociétés américaines qui ont publié avec les prévisions d'analystes et avec le passé. Ce n'est pas toujours digeste, loin de là, mais ça donne une vue synthétique.
Hier en bourse, il y en a eu pour tous les goûts. Une hausse de 1,8% pour le FTSE britannique par exemple, bien aidé par une inflation un peu moins pesante que prévu outre-Manche. Et une baisse de 0,1% pour le Nasdaq 100, qui baisse donc, parfois, mais pas trop quand même. Donc à court terme, focus sur les résultats d'entreprises avec quand même un éléphant dans la pièce : la décision monétaire de la Fed prévue le 26 juillet. Le marché est presque sûr qu'une hausse de taux aura lieu. Il est moins sûr que ce sera la dernière, mais il fait comme si.
Pour être raccord avec ce que je viens d'écrire, sachez que la session de publications du jour contient pas mal de grosses entreprises, notamment Johnson & Johnson, Abbott, Philip Morris ou Intuitive Surgical aux Etats-Unis et SAP, ABB, Givaudan, Koné, Gecina, Publicis et Dassault Aviation en Europe. A ces noms viennent s'ajouter des dizaines d'autres : le jeudi est historiquement la journée préférée des entreprises pour annoncer leurs résultats. Aux Etats-Unis, Tesla est le premier de ceux que les médias appellent désormais les "Sept Magnifiques", en référence au western de John Sturges, à dévoiler ses chiffres. Quatre autres sont attendus la semaine prochaine (Microsoft, Alphabet, Meta et Amazon), tandis que les deux derniers vont faire languir leurs aficionados jusqu'en août. Apple dès le 3 août, mais Nvidia ne publiera que le 23 août, avec une charge émotionnello-financière considérable puisque le fournisseur de cartes graphiques est le nouveau baromètre de l'intelligence artificielle. Les Sept Magnifiques sont les valeurs motrices des indices américains. Ce sont les GAFAM originels, renforcés de Tesla et Nvidia.
Je complète cette entrée en matière avec du sérieux : la dernière étude de Bank of America sur ce qui se passe à l'intérieur de la tête des grands gestionnaires d'actifs. La banque passe à la question tous les mois les principaux professionnels de la finance qui gèrent l'argent des autres, pour savoir ce qu'ils pensent. Ça donne la plupart du temps quelques indications sur la psychologie du marché, des graphiques rigolos et d'autres sacrément difficiles à interpréter. Pour le rapport qui nous occupe, notez que ces gens ont été torturés entre le 6 et le 13 juillet.
Parmi les enseignements, j'en ai retenu quatre :
La plus grosse crainte reste une inflation qui reste haute et qui contraint les banques centrales à rester méchantes (45%). Le scénario qui monte, c'est celui d'une bulle de la technologie et/ou de l'intelligence artificielle (11%).
S'il devait y avoir un "événement crédit" le terme mignon pour désigner une grosse faillite bien pourrie avec effet domino, elle viendrait probablement de l'immobilier commercial aux Etats-Unis ou en Europe (40%) ou d'un gros pépin dans la shadow banking américaine (21%). Le terme de "banque de l'ombre" recouvre les institutions qui ne sont pas régulées aussi sévèrement que les banques et qui manipulent quand même des milliards, comme les fonds d'investissement.
La première baisse de taux de la Fed est pour… Le T2 2024 : 29% Le T1 2024 : 27% Le S2 2024 : 26%
Le pari le plus encombré du moment, c'est d'être long sur les grosses technologiques américaines (59%), suivi d'être long sur les actions japonaises (14%) et court sur les actions chinoises (8%). J'imagine que personne n'est surpris.
Retour sur les marchés d'Asie Pacifique, Tokyo repart en arrière en perdant 1,2%. Mouvement inverse en Chine, où Shanghai et Hong Kong remontent un peu la pente, mais sans tambours ni trompettes. Le yuan s'est renforcé après un petit coup de pouce de la banque centrale chinoise, mais on est loin des mesures de soutien que le marché voudrait voir être annoncées. La Corée du Sud, l'Inde et l'Australie évoluent dans des bornes étroites non loin de l'équilibre. Les indicateurs avancés occidentaux sont peu inspirés et naviguent autour de l'équilibre. Le CAC40 perdait 0,2% à 7309 points peu après l'ouverture.
Les temps forts économiques du jour
Pas mal de statistiques aujourd'hui, avec en point d'orgue les inscriptions hebdomadaires au chômage américain et l'indice d'activité de la Fed de Philadelphie et, toujours aux Etats-Unis, les chiffres de l'immobilier ancien. Tout l'agenda ici.
L'euro se négocie 1,1222 USD. L'once d'or se renforce à 1984 USD. Le pétrole n'a pas beaucoup bougé depuis hier, avec un Brent de Mer du Nord à 79,50 USD le baril et un brut léger américain WTI à 75,38 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 3,76%. Le bitcoin se négocie 29 970 USD.
Les principaux changements de recommandations
AB Volvo : Carnegie reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 255 à 260 SEK.
ABN Amro : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours relevé de 18 à 19 EUR.
Alcon : Julius Bär reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 77 à 90 CHF.
Anheuser-Busch Inbev : SBG reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 62 à 60 EUR.
Antofagasta : Crédit Suisse reste neutre avec un objectif de cours réduit de 1550 à 1350 GBp.
ArcelorMittal : JP Morgan reste neutre avec un objectif de cours réduit de 25 à 23 EUR.
ArgenX : Morgan Stanley reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 410 à 540 EUR.
ASML : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 825 à 860 EUR. Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 700 à 780 EUR.
Atlas Copco : Deutsche Bank reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 148 à 156 SEK.
Bachem : Morgan Stanley démarre le suivi à souspondérer en visant 65 CHF.
BBVA : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 8,70 à 9 EUR.
BNP Paribas : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif de cours réduit de 73 à 71 EUR.
Carl Zeiss Meditec : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 128 à 130 EUR.
Compagnie Financière Richemont : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 180 à 170 CHF.
Deutsche Börse : JP Morgan reste neutre avec un objectif de cours réduit 200 à 198 EUR.
Eiffage : Citigroup passe d'acheter à neutre en visant 100 EUR.
Euroapi : Morgan Stanley démarre le suivi à pondération en ligne en visant 13 EUR.
Euronext : JP Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 100 à 102 EUR.
Ferrovial : Citigroup reste neutre avec un objectif de cours relevé de 30 à 31 EUR.
Geberit : Goldman Sachs passe de neutre à acheter en visant 548 CHF.
Getlink : Citigroup reste neutre avec un objectif de cours réduit de 17,50 à 17 EUR.
Just Eat : Oddo BHF reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 50 à 47 EUR.
KBC : Morgan Stanley reste à pondération en ligne avec un objectif relevé de 69 à 71 EUR.
Kering : AlphaValue reste à accumuler avec un objectif de cours réduit de 594 à 588 EUR.
Pernod Ricard : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 205 EUR.
RWE : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 58,50 à 60 EUR.
SKF : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 214 à 219 SEK.
Spie : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 24 à 28 EUR.
TotalEnergies : RBC reste à performance sectorielle avec un objectif de cours réduit de 65 à 60 EUR.
Umicore : ING reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 36 à 29 EUR.
Yara : SpareBank passe de neutre à acheter en visant 430 NOK.
En France
Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)
Gecina améliore son résultat net récurrent de 7,5% au S1 et relève ses objectifs. Toutefois, l'ANR EPRA se contracte d'un peu plus de 6%.
Publicis relève ses objectifs pour 2023 après un premier semestre meilleur que prévu.
Annonces importantes (et moins importantes)
Dans le monde
Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)
ABB enregistre une hausse de ses revenus mais une baisse de ses entrées de commandes au T2. Il vise une croissance des revenus d'au moins 10% cette année.
Givaudan a vu son chiffre d'affaires reculer au premier semestre, mais confirme ses objectifs de croissance à moyen terme.
HelloFresh revoit à la baisse ses prévisions de chiffre d'affaires mais devient un peu plus optimiste sur ses bénéfices.
IBM perdait 1% hors séance après la publication de ses trimestriels.
Netflix décrochait de 8% hors séance après ses trimestriels, marqués par une hausse des abonnés mais une baisse des revenus.
de 8% hors séance après ses trimestriels, marqués par une hausse des abonnés mais une baisse des revenus. Tesla a amélioré ses résultats au T2, ce qui n'empêche pas le titre de perte 4% hors séance.
Annonces importantes (et moins importantes)
Source: Zonebourse.com