À Douarnenez, le Club plein à craquer pour le ciné-débat sur les algues vertes

July 21, 2023
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Ambiance des grands soirs au Club, ce jeudi 20 juillet. Le cinéma a fait le plein pour cette soirée consacrée aux algues vertes, coorganisée avec l’association Ystopia. 200 personnes étaient présentes pour assister à la projection du film « Les Algues vertes » , adapté de la bande dessinée d’Inès Léraud et réalisé par Pierre Jolivet. Plusieurs dizaines de personnes n’ont pas pu rentrer. Comme ailleurs en Bretagne, le sujet interroge à Douarnenez, dans un secteur où les plages sont régulièrement touchées par le phénomène .

La projection du film a été suivie par une heure et demie de débat, en présence de plusieurs invités. Arnaud Clugery , le directeur de l’association Eaux et rivières de Bretagne s’est félicité de l’affluence : « Ce film démontre que, pour toucher les gens, il faut leur raconter une histoire. Ça fait 40 ans que les associations essaient de toucher le public, sans jamais réussir à le faire avec cette force ».

À la question : « Est-ce que les choses s’améliorent ? », Arnaud Clugery apporte des nuances aux propos d’un film « contraint par les règles de la fiction ». Il rappelle ainsi que « beaucoup de choses ont été essayées. Des élus se sont mobilisés, même si on n’en a pas assez fait. Ça aurait pu être pire. Dans les années 90, le taux de nitrates dans l’eau des rivières bretonnes augmentait chaque année d’un mg par litre, jusqu’à atteindre 50 mg par litre en 1995. À ce moment-là, il est devenu impossible de rester dans le déni, et les premières mesures de politiques publiques ont été prises. Le taux est redescendu à 30 mg en 2015. Depuis, on stagne ».

L’anthropologue Alix Levain a apprécié que le film montre les conditions précaires dans lesquelles Inès Léraud a dû travailler pour son enquête : « Les agriculteurs reçoivent très difficilement les critiques médiatiques, qu’ils perçoivent issues de gens qui ont des conditions de vie bien meilleures qu’eux. Inès Léraud n’était pas une nantie ». Pour l’anthropologue, les algues vertes sont « un sujet qui abîme, qui fait s’interroger sur ses propres appartenances ».

Jean Hascoët, président de l’association Baie de Douarnenez Environnement était présent également. Il a assuré qu’il ne fallait pas opposer « écolos et agriculteurs » : « Je vois qu’une vingtaine d’agriculteurs sont présents dans la salle ce soir. Si on veut que ça avance, il faut que l’on regarde ce que l’on mange. Il faut que nos amis agriculteurs les moins polluants continuent les efforts qu’ils font depuis longtemps ».

Une scène dans une porcherie annulée

Un spectateur a pour sa part regretté que le film ne donne justement pas une place plus importante au point de vue du monde agricole sur le sujet des algues vertes. « Le scénario initial leur donnait plus la parole, a expliqué Kristen Falc’hon, de l’ONG d’enquête journalistique Splann. Une scène notamment était prévue dans une porcherie industrielle ». Le journaliste explique que cette scène a dû être annulée, suite au revirement de l’éleveur qui devait accueillir le tournage. « Ce combat contre les algues vertes n’est pas un combat contre l’agriculture, mais un combat pour une autre agriculture », a conclu Arnaud Clugery.

Source: Le Télégramme