Perte de vitesse et démission de son patron... Playmobil dans la tourmente

July 21, 2023
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Avec la démission surprise de son PDG et des résultats en baisse, l'entreprise allemande de figurines en plastique peine à maintenir le cap depuis la mort de son fondateur en 2015.

L’histoire de Steffan Höpfner avec Playmobil s'arrête ici. Après 26 années de loyaux services, le PDG de la marque aux figurines en plastique allemande se range de lui-même au placard. Jeudi 20 juillet, il a fait part de sa décision dans une lettre au personnel. Missive censée rester en interne, jusqu'à l'annonce officielle de la démission. Mais le mensuel germanique Manager Magazin a mis la main dessus. Le 31 juillet, Steffan Höpfner dira donc adieu à son poste de PDG de Playmobil. Titre obtenu en 2015, après 19 années à gravir les échelons et suite au décès du fondateur Horst Brandstätter. Une passation de pouvoir «difficile», reconnaît-il. Car depuis la disparition de son commandement historique, le paquebot allemand dérive.

Au poste de pilotage s'écharpent l'ex-directeur général Steffan Höpfner et Marianne Albert, ancienne secrétaire générale maintenant à la tête du puissant comité consultatif. Faute d'une entente cordiale entre les deux, Playmobil a rapidement perdu de la vitesse face à ses concurrents, et notamment face au danois Lego. Playmobil n'est pas parvenu à se constituer un large public d'adultes, à la différence de Lego. De plus, Playmobil ne collabore avec des marques comme Citroën, Ferrari ou Astérix que depuis 2019, tandis que Lego n'a pas attendu pour se lier à Disney, Marvel ou encore Star Wars.

Résultats en berne

De plus, le groupe a dû faire face à des crises successives qui ont grandement fragilisé le navire. La guerre en Ukraine, avec l’envolée des prix du pétrole et de l'électricité, a fortement impacté la production de Playmobil. Car la marque n’a jamais délocalisé sa production, pour apparemment protéger ses secrets industriels . Presque toutes ses figurines sont produites dans ses usines en Allemagne et à Malte, et seuls 5% d’entre elles sont fabriquées en Chine.

Conséquences : des résultats en berne, avec une chute du chiffre d'affaires de 4,3% en 2022, pour atteindre 691 millions d’euros. Celui de Lego culmine quant à lui à 8,6 milliards. Preuve irréfutable du retard du fabricant de jouets allemand. Outre-Rhin, les figurines ont cependant encore la côte. Tout comme en France, second marché de Playmobil. Côté parc d’attractions, le moral est également au plus bas. Le rapport annuel de l’entreprise relève des «pertes de recettes considérables» dans ce secteur où le chiffre d’affaires s’est effondré de 54%.

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Management tyrannique ?

D’autres raisons ont pu pousser Steffan Höpfner vers la sortie. Aux résultats décevants et conflits de direction s’ajoutent aussi des contestations internes. Le comité d’entreprise a pris en grippe les méthodes managériales du PDG. Dans un document de sept pages également révélé par Manager Magazin, les syndicats déplorent des conditions de travail horribles, accusant la direction de faire régner «la peur et les humiliations». Au menu : maltraitance des mères et des seniors. «Elles seraient contraintes de «prendre leurs poste, même si l’on sait que cela n’est pas possible pour des raisons familiales». L’objectif serait de «brimer» les mères jusqu’à ce qu’elles démissionnent», écrit le mensuel allemand, citant la lettre des syndicats. Pour le comité d’entreprise, les successeurs de Horst Brandstätter «piétinent son héritage».

Steffan Höpfner le reconnaît lui-même dans sa lettre, son départ est un « signe que rien n’est éternel. Le changement fait du bien à toutes les parties, car il est source d’inspiration». Si le changement attendu ne survient pas de lui-même, le dernier espoir de Playmobil sera McKinsey. En septembre, le cabinet de conseil appelé à la rescousse par la direction, délivrera son rapport et devrait donner un cap au navire à la dérive. Contacté, Playmobil reste coi.

Source: Le Figaro