Face à la baisse du rouble, la banque centrale russe relève son taux

July 22, 2023
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Par Benjamin Quénelle

Publié le 21 juil. 2023 à 19:46

En pleine baisse du rouble et reprise de l'inflation, la banque centrale russe a été contrainte ce vendredi 21 juillet de relever son taux directeur. C'est une première depuis février 2022 et la forte hausse décidée après le début de « l'opération militaire spéciale » du Kremlin en Ukraine et les premières sanctions occidentales contre Moscou.

Sous la houlette de sa présidente Elvira Nabioullina, une libérale réputée au service du pouvoir, la banque centrale avait alors drastiquement relevé le taux à 20 %. Depuis, rassurée par la résilience de l'économie russe face aux mesures européennes et américaines, elle n'avait cessé de procéder à des baisses progressives, ramenant le taux à 7,5 %. Face à la nouvelle chute du rouble ces dernières semaines, elle l'a donc augmenté d'un point, le fixant à 8,5 %.

Fin du lent déclin de l'inflation

« Cette hausse peut être suffisante. Mais il est probable qu'une hausse supplémentaire soit nécessaire », a prévenu Elvira Nabioullina. Le communiqué de la banque centrale ne minimise pas les effets des nouvelles pressions sur la devise nationale. « Les tendances de la demande intérieure et la dépréciation du rouble depuis le début de 2023 amplifient considérablement le risque inflationniste », a-t-elle reconnu.

Alors que l'inflation s'élève aujourd'hui à 3,7 %, la banque anticipe une poussée jusqu'à 5-6,5 % d'ici la fin de l'année. Une prévision en hausse par rapport aux objectifs initiaux (4,5-6,5 %). L'actuelle chute du rouble, qui s'échangeait vendredi à 100,3 roubles pour 1 euro, met donc à mal le lent déclin de l'inflation qui, après un niveau record en avril 2022 (près de 18 %), a depuis progressivement fléchi, passant au printemps sous le seuil des 3 %.

Mauvaise nouvelle pour le Kremlin

C'est une mauvaise nouvelle pour Vladimir Poutine. Alors que les indicateurs macro-économiques sont stables et que le taux de chômage atteint le niveau le plus bas de l'histoire (3,2 %), la baisse du pouvoir d'achat demeure la principale ombre au tableau économique du président. Régulièrement, les ménages citent l'inflation comme une préoccupation majeure, la majorité d'entre eux ayant peu d'épargne après trois décennies de crises économiques.

Le produit intérieur brut de la Russie s'est par ailleurs contracté de 1,9 % au premier trimestre. Loin des prévisions d'effondrement, et d'une chute à deux chiffres promise par certains hommes politiques occidentaux, cette baisse reste inférieure aux prévisions du ministère russe de l'Economie qui avait anticipé une chute de 2,2 % au premier trimestre. La banque centrale se montre désormais optimiste. Elle anticipe une hausse du PIB de 1,5-2,5 % pour 2023, au-delà de sa prévision initiale (0,5-2 %).

Source: Les Échos