" Je ne pense pas que le DVD reviendra à la mode "... Clap de fin pour le dernier vidéo-club de Lyon
Sur les murs ou contre le comptoir situé à l’entrée, des centaines de DVD qui resteront là « pour la déco ». Dans une pièce à part, 9.000 autres entreposés, voués à la vente. L’Aquarium Ciné-Café de Lyon, tout dernier vidéo-club de la ville, arrête la location de DVD, se laissant jusqu’à la fin de l’année pour écouler son stock. Tout un symbole. La profession a recensé jusqu’à 8.000 points de vente en France. Désormais, les derniers encore debout se comptent à peine sur les dix doigts de la main.
« C’est triste et c’est dommage mais il fallait se rendre à l’évidence », admet Damien Vildrac, le directeur des lieux. Lorsqu’il rachète l’établissement en 2016, au cœur du quartier de la Croix-Rousse, l’activité du vidéo-club avait déjà très fortement décliné. « Le précédent propriétaire, lui-même, voulait arrêter car il n’arrivait plus à en vivre. » A l’époque, les fidèles se mobilisent et créent une association pour maintenir l’activité. Damien Vildrac, qui envisage de développer sur place un cinéma-club d’un nouveau genre, leur promet de conserver en parallèle la location de DVD. Parole tenue.
Sept ans de sursis
« Finalement, on a maintenu l’activité sept ans de plus que ce qui était prévu », observe-t-il. Malgré l’achat de nouveautés, sept films par semaine, le nombre de locations a « baissé très régulièrement, sans à-coup » au fil des années. Une fin programmée irrémédiable.
« On a été confronté au fait que le DVD est sorti des usages communs. Avant, c’était un outil que tout le monde utilisait au quotidien. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas », poursuit le gérant. La raison est double, analyse-t-il. « Les plateformes de streaming ont pris de l’ampleur, et encore plus à partir du Covid-19 », étaye Damien Vidal. Et le lecteur de DVD est tombé en désuétude. « Aujourd’hui, quasiment plus personne n’en a chez soi, les gens se sont habitués à regarder des fichiers sur leur ordinateur ou en streaming », poursuit-il.
Le contre-exemple du vinyle
Le jeune homme a pourtant tenté de résister le plus longtemps possible, en développant dernièrement des abonnements « location à volonté » à 10 euros par mois afin de « se rapprocher de la logique » des plateformes et de reprendre un peu de terrain. En vain. Le nombre d’abonnés n’était pas suffisant. « Le vidéo-club n’était plus rentable, d’autant qu’il nous prenait beaucoup de temps. Un salarié y était dédié les deux-tiers du temps et cela empêchait les autres activités de se déployer alors que nous enregistrions, pour elles, une augmentation de la fréquentation de 30 % », explique Damien Vidal.
A l’heure où le vinyle et autres objets vintage connaissent un regain de popularité, la question se pose de savoir s’il aurait fallu miser sur le renouveau du DVD, d’ici quelques années. « Non, le pari n’est pas bon. Je ne pense pas que le DVD reviendra à la mode,
répond Damien Vidal. Le vinyle est un contre-exemple. C’est un objet très esthétique, qui se conserve bien, et dont la qualité musicale est top. A l’inverse, la qualité des DVD n’est pas incroyable et ils s’abîment très vite. »
Si en 2016, la décision d’arrêter le vidéo-club avait suscité « un vrai émoi », cette fois, ce n’est pas le cas, observe le gérant, soulignant toutefois que la première vague de déstockage de DVD a été un vrai succès. « Nous en avons déjà vendu 1.000 », résume-t-il. Une deuxième opération est d’ores et déjà prévue le 9 septembre, lors d’une journée porte ouvertes consacrée aux autres activités de l’Aquarium Ciné-Club.
Source: 20 Minutes