Manifestations du 1er mai : 406 policiers et gendarmes blessés en France, 540 interpellations

May 02, 2023
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Un policier en tenue de maintien de l’ordre touché par un engin incendiaire qui s’embrase, à hauteur du ventre. Ces images, d’une grande violence, ont marqué la manifestation de lundi du 1er-Mai à Paris contre la réforme des retraites, théâtre de nombreuses violences contre les forces de l’ordre et de dégradations.

Invité ce mardi sur BFMTV, Gérald Darmanin a recensé 406 policiers et gendarmes blessés lors des manifestations partout en France, dont 259 à Paris. Un chiffre bien au-delà de celui annoncé lundi soir, qui faisait état de plus de 108 blessés.

Le policier brûlé au visage à Paris est « encore hospitalisé mais sa vie n’est pas en danger », rapporte le ministre de l’Intérieur. Encore « très choqué », ce policier de 28 ans, de la 12e Compagnie d’intervention (CI), « a été brûlé au second degré aux mains et jusqu’aux contours des yeux », indique une source policière. Une enquête a été ouverte ce mardi par le parquet de Paris pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique ».

À Paris, pas moins de 259 policiers et gendarmes ont été blessés, dont 31 ont été hospitalisés. « Il y avait un niveau de violence dans le précortège, chez les casseurs, chez les individus ultras qui a dépassé largement le niveau de violence qu’on avait constaté sur les douze dernières manifestations », a déploré ce mardi matin Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris.

Mais les violences n’ont pas cessé après la dispersion du cortège, vers 21h30, place de la Nation. Comme l’anticipaient les forces de l’ordre, des rassemblements spontanés ont essaimé dans les rues de la capitale, dès 20 heures lundi soir. « Des groupes de manifestants sont restés, pour en découdre avec les collègues », explique un policier. Ces manifestants se sont dirigés après la dispersion de la place de la Nation vers le quartier de Bastille, où des dégradations ont été perpétrées.

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Dans le quartier de l’Opéra, pas moins de 150 personnes ont déambulé et commis « de nombreuses dégradations », selon un policier. Les forces de l’ordre, prises à partie par des éléments radicaux, ont dû se réfugier à l’intérieur du Consistoire de Paris, rue Saint-Georges (IXe arrondissement), qui a été la cible de tags. A 21h30, une cinquantaine de manifestants ont été recensés dans un cortège sauvage, boulevard de Sébastopol, près de Châtelet-les-Halles. Vers minuit, un motard de la BRAV-M, cette brigade motorisée « anticasseurs », a été blessé en chutant de son engin, rue du Renard (IVe arrondissement).

« Des sanctions bien plus lourdes »

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a appelé à des « sanctions pénales les plus fermes contre ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre », réclamant une « loi anti-casseurs ». Des revendications portées par les principaux syndicats de policiers. « Alliance Police Nationale demande que la loi anti casseur de 2019, qui est incomplète, soit revue. Il faut de toute urgence la création d’un fichier national recensant les auteurs de violences pendant les manifestations, et interdire de toute manifestation les individus qui ont déjà été condamnés pour violences », martèle Renaud Mazoyer.

« Même si on est conscient que le préfet de police fait le maximum pour pallier à ces violences, avec un travail énorme de la DOPC, il faut que le législateur prenne des sanctions bien plus lourdes envers ces individus qui mettent la vie de nos collègues en péril. Le démantèlement et l’éloignement des groupes de casseurs des manifestations doivent devenir une priorité, pour que cessent ces violences », demande à son tour Angelo Bruno, le Secrétaire national délégué Île-de-France pour Unité SGP Police.

Interrogé sur franceinfo, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, juge quant à lui que la journée de lundi s’est déroulée selon un schéma dorénavant classique, « le même que celui des douze dernières manifestations contre les retraites ». Il décrit « un précortège dans lequel s’insèrent des éléments ultras. Au bout d’un moment, malgré la stratégie de désescalade que nous mettons en place (les forces de l’ordre sont très loin, observent dans un premier temps les premières dégradations), on a vu une grande violence ». Il insiste sur le fait que « la spécificité, hier, c’est le niveau de violence. Il y avait davantage de militants radicalisés qui avaient plus envie d’en découdre ».

Impossible d’empêcher « les ultras de rentrer dans une manif »

Laurent Nuñez explique d’ailleurs qu’il est impossible pour la police d’empêcher « les ultras de rentrer dans une manif ». « Il faut qu’il y ait une infraction », rappelle-t-il. « Dans ces manifestations, on a des individus qui relèvent du haut du spectre, qui relèvent de la DGSI », la Direction générale de la sécurité intérieure, précise-t-il pour souligner le niveau de dangerosité de certains individus.

Source: Le Parisien