Israël/Réforme Judiciaire: Herzog Atterrit Et Fonce À L'hôpital Pour Une Médiation De La Dernière Chance
"Il s'agit d'une urgence. Nous devons parvenir à un accord", a déclaré le chef d'Etat à l'aéroport
Isaac Herzog a rencontré dimanche soir Benjamin Netanyahou, dans une tentative de dernière minute pour parvenir à un compromis autour du projet de loi sur la clause de raisonnabilité, qui doit être voté lundi en deuxième et troisième lectures par le Parlement. Le président s'est rendu à l'hôpital Sheba de Te Hashomer où est hospitalisé le Premier ministre, dès l'atterrissage de son avion qui le ramenait des Etats-Unis. "Il s'agit d'une urgence. Nous devons parvenir à un accord", a déclaré le chef d'Etat à l'aéroport. Plus tard dans la soirée, le président a également rencontré les deux leaders d'opposition, Yair Lapid et Benny Gantz.
Lors de ces entretiens, Isaac Herzog a soumis une proposition de compromis concernant la clause de raisonnabilité ainsi que le gel du reste de la législation.
Selon des sources proches des négociations, la proposition de compromis concernant la clause de raisonnabilité aurait été jugée acceptable pour l'opposition, mais les négociations buteraient sur la durée du gel de la législation. Le Likoud refuserait de geler celle-ci plus de trois mois, tandis que Yair Lapid réclamerait un gel plus important de 15 mois.
Dans la soirée Yair Lapid a par ailleurs rencontré le chef du Shin Bet, Ronen Bar, pour un briefing relatif aux menaces intérieures et extérieures pesant sur le pays. "J'ai reçu une mise à jour de sa part sur la situation et les menaces sécuritaires dans les différentes arènes. Nous avons discuté des menaces intérieures et extérieures et j'ai exprimé ma préoccupation concernant la résilience nationale. Nous avons la responsabilité partagée de maintenir la sécurité du pays et l'unité du peuple."
Benny Gantz s'est de son côté entretenu avec le chef d'état-major Herzi Halevi. "La situation sécuritaire est très préoccupante et nécessite une attention et des décisions stratégiques en matière de sécurité dans divers domaines d'action", a dit Benny Gantz, lui-même ancien chef d'état-major.
Ces tractations ont eu lieu alors qu'un compromis proposé par la Histadrout, le puissant syndicat des travailleurs israéliens, a été rejeté plus tôt dans la journée par le Likoud, laissant planer la menace d'une grève d'envergure dans le pays. Juste avant de se rendre à l'hôpital pour y rencontrer le Premier ministre, le président s'est d'ailleurs brièvement entretenu avec Arnon Bar-David , le dirigeant du syndicat, qui l'a informé de ses propositions infructueuses à la majorité et à l'opposition pour dégager une entente. Dans la soirée, le Forum des entreprises, qui inclut les 150 sociétés les plus importantes du pays, a annoncé une grève à partir de lundi, "afin de mettre un terme à la législation unilatérale et d'entamer des négociations".
Yair Lapid a réagi au rejet par le Likoud du compromis proposé par la Histadrout en tweetant : "Une fois de plus, un compromis et un large accord sont proposés, et une fois de plus l'opposition est prête à en discuter, mais la coalition les rejette immédiatement et catégoriquement. On ne sait pas qui a décidé de dire 'non' en votre nom, mais il est plus clair que jamais que les extrémistes du gouvernement ont décidé de pousser l'État d'Israël dans l'abîme."
Le président du parti Union nationale, Benny Gantz, s'est pour sa part adressé directement au Premier ministre, promettant : "Si nous allons vers une ébauche d'accords, nous l'appliquerons également à la prochaine Knesset."
"Netanyahu, c'est un appel de moi à vous, juste avant l'abîme. L'État d'Israël est en passe de franchir la ligne rouge. Regardez-moi dans les yeux, et regardez tous les citoyens d'Israël dans les yeux : les combattants blindés, Golani, et les pilotes, la mère inquiète de Dimona, le vieil homme qui a combattu dans le Palmach des kibboutzim du nord, l'étudiant de Tel-Aviv… Est-ce que ça vaut vraiment la peine de couper notre carte d'identité commune, sous la pression des extrémistes ?", a-t-il poursuivi.
"Je sais que c'est politiquement difficile. Mais vous êtes le Premier ministre - et la responsabilité repose sur vos épaules. Retournez à la maison du président afin de convenir d'une cause probable qui ne nuira pas à la démocratie, et de continuer à promouvoir une législation judiciare par la voie du compromis. Ce n'est pas le moment de se disputer pour savoir qui a raison - c'est le moment d'être intelligent et de faire ce qu'il faut. Ce n'est pas une reddition - c'est une responsabilité nationale", a-t-il conclu.
Ces tractations de la dernière chance ont lieu sur fond de manifestations d'ampleur des pro et des anti-réforme. Tandis que les opposants au projet de loi manifestant à Jérusalem devant le Parlement, ses partisans se réunissent ce soir boulevard Kaplan à Tel-Aviv. Une manifestation symbolique alors que ce lieu est depuis 29 semaines l'épicentre des protestations contre la réforme.
Source: i24NEWS en Français