Détention provisoire des forces de l’ordre : la Nupes somme Darmanin de réagir aux propos du patron de la police

July 24, 2023
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Réagissant à l’affaire du policier marseillais mis en examen et écroué dans un dossier de violences, Frédéric Veaux a estimé qu’«avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison».

Le débat sur la police anime à nouveau la gauche. Il a été réveillé par les propos de Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale (DGPN). Dans un entretien au Parisien , le haut fonctionnaire déclare qu’«avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison», alors que des policiers marseillais réclament la libération d’un fonctionnaire de la BAC, mis en examen et écroué dans un dossier de violences en marge des récentes émeutes. «Le savoir en prison m’empêche de dormir», poursuit Frédéric Veaux.

De quoi indigner la Nupes, qui appelle déjà depuis plusieurs semaines à une réforme en profondeur des forces de l’ordre. «Soutenir la police républicaine ce n’est pas la placer au-dessus des lois», a ainsi commenté le socialiste Olivier Faure, parmi les premières personnalités politiques à réagir. Et d’ajouter : «Le ministre (de l’Intérieur) doit réagir aux propos du DGPN.»

Une heure plus tard, voilà le premier secrétaire du PS entendu, ou presque. Sur Twitter, ce n’est pas Gérald Darmanin, actuellement en déplacement avec Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie, mais Laurent Nuñez, préfet de police et lui-même ancien locataire de Beauvau avant l’arrivée de l’actuel ministre de l’Intérieur, qui prend la parole. Lui «partage les propos du DGPN» et se dit «fier d’avoir été préfet de Police des Bouches-du-Rhône et aujourd’hui à la tête des 30.000 policiers de Paris et de l’agglomération parisienne.»

Des sanctions réclamées

Il n’en fallait pas plus pour faire à nouveau sortir la gauche de ses gonds, désormais scandalisée par cette remarque. Olivier Faure l’a ainsi jugée «gravissime», assurant que «toute la hiérarchie policière se place au-dessus de la justice et des règles de la détention provisoire». «Le ministre de l’Intérieur est en arrêt maladie ! Ce qui se joue là, c’est la démocratie et le respect de l’État de droit», a-t-il ajouté. Avant d’appeler à ce que le Parlement «soit réuni en urgence». Une demande appuyée par le député socialiste Philippe Brun, évoquant à son tour des propos «inacceptables» au micro de France Info. L’élu de l’Eure réclame en plus «la suspension» de Frédéric Veaux et Laurent Nuñez. Lesquels «ont commis, de notre point de vue, une faute».

Les réactions continuent depuis de se multiplier et de s’étendre à toute la gauche qui, à l’unisson, presse Gérald Darmanin de réagir. «Ces propos de hauts fonctionnaires de la police sont graves et inacceptables. Gérald Darmanin et Élisabeth Borne que faites-vous ?», a lancé le porte-parole des députés socialistes, Arthur Delaporte. Quand l’Insoumis Thomas Portes voit dans les propos du DPGN une «dérive inquiétante», tout en estimant que «par son silence, Gérald Darmanin est complice de cette opération factieuse contre la République».

Son collègue LFI Éric Coquerel affirme au préfet qu’il ne peut «pas dire cela». Et interroge : «Mesurez-vous la dérive ainsi entamée ?» «Où est le ministre de l’Intérieur pour rétablir l’autorité de l’État ? Où sont les syndicalistes de la police nationale attachés aux libertés publiques ?», ajoute le député LFI Hadrien Clouet.

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Même son de cloche du côté des communistes, Elsa Faucillon demandant si «le président de la République et le gouvernement se rendent compte du basculement que cela pourrait constituer» lorsqu’«un préfet défend le DGPN qui réclame l’impunité des policiers et s’en prend à une décision de justice». Quant aux écologistes, le maire EELV de Grenoble, Éric Piolle, déplore que le ministre de l’Intérieur soit «aux abonnés absents face à une situation hors de contrôle», car «trop occupé à s’imaginer à Matignon».

Source: Le Figaro