Thales, Dassault, Tesla… : le check-up semestriel des géants de l'économie

July 24, 2023
277 views

Par Enrique Moreira

Publié le 24 juil. 2023 à 9:34 Mis à jour le 24 juil. 2023 à 9:51

En France et ailleurs, le début de l'année a été marqué par une forte inflation, à 6 % au global et jusqu'à 17 % dans l'alimentaire. Comment cette importante hausse des prix se traduit-elle dans les chiffres des entreprises ? Tour d'horizon des principaux résultats semestriels 2023.

Covid-19, guerre en Ukraine, flambée des prix de l'énergie… et maintenant l'inflation. Les crises se suivent et ne se ressemblent pas depuis trois ans pour les entreprises. De quoi donner des cheveux blancs aux directeurs financiers des entreprises cotées en Bourse au moment de présenter leurs résultats aux investisseurs. Les marchés les attendent au tournant : tous les investisseurs veulent savoir si la demande tient, ou si la récession guette.

Depuis le début de l'année, les prix ont progressé de 6 % au global, et jusqu'à 17 % dans l'alimentaire. Si le chiffre d'affaires de nombre d'entreprises a pu en bénéficier, leur résultat d'exploitation et donc leur marge opérationnelle ont pu parfois en faire les frais. Car qui dit inflation, dit matières premières plus chères et arbitrages des consommateurs. Sans compter que les prix de l'énergie ne sont pas redescendus aussi bas que l'on pouvait l'espérer…

Comment les grands noms du « business » ont-ils traversé les six premiers mois de l'année 2023 ? Tour d'horizon des principaux résultats semestriels par secteurs d'activité.

· COMMERCE/AGROALIMENTAIRE - Les ravages de l'inflation

- Givaudan fait les frais d'un mouvement de déstockage. Le groupe suisse a fait les frais au premier semestre 2023 d'un mouvement de déstockage dans les arômes en particulier en Amérique du Nord. Il est toutefois parvenu à limiter la casse grâce à une demande toujours forte dans la parfumerie. Pour la première moitié de l'année, Givaudan a fait état d'un chiffre d'affaires en baisse de 3,2 % à 3,5 milliards de francs suisses (3,6 milliards d'euros). Hors effets de changes et acquisitions, ses ventes ont progressé de 2,4 %, en deçà des prévisions des analystes (+2,9 % à 3,6 milliards de francs). Son bénéfice net a toutefois dépassé les prévisions, en hausse de 2 % à 449 millions de francs, contre 430 millions attendus, grâce aux hausses de prix et mesures de réductions des coûts.

· AUTOMOBILE - En ordre dispersé

- Tesla tient la cadence. La firme d'Elon Musk tire toujours parti de la puissance de sa gamme. Au deuxième trimestre, l'entreprise dirigée par Elon Musk a vendu 466.140 voitures. Cela représente un bond de 83 % par rapport à la même période de l'année dernière. La marge opérationnelle est en revanche tombée à 18,2 %, contre 25 % l'année dernière et 18,8 % au premier trimestre 2023. Les revenus de Tesla se sont établis à 24,9 milliards de dollars en trois mois, en hausse de 47 % en un an. Son profit opérationnel atteint 2,7 milliards. « C'est logique de sacrifier les marges pour fabriquer plus de véhicules », explique Elon Musk. Les taux d'intérêt élevés ont renchéri les coûts d'acquisition d'une voiture pour de nombreux consommateurs, a expliqué le nouveau propriétaire de Twitter.

Lire aussi : Tesla continue de prendre du galon dans l'automobile mondiale

- Renault revoit à la hausse ses prévisions pour 2023. Le constructeur automobile français a annoncé revoir à la hausse sa prévision de rentabilité pour cette année après avoir enregistré de bonnes ventes depuis janvier. Le groupe (Renault, Dacia et Alpine ) vise désormais un taux de marge opérationnelle compris entre 7 et 8 %, contre une marge supérieure ou égale à 6 % précédemment. Il devrait dépasser les 7 % dès la fin du premier semestre, dont les résultats doivent être publiés le 27 juillet.

Comme attendu, sa principale marque (Renault) a réussi un bon premier semestre sur le plan commercial. Les chiffres publiés par l'entreprise ce mardi font état d'une hausse de 8,5 % des ventes de voitures particulières, et de 21,5 % pour les véhicules utilitaires. Soit une progression globale de 11 % sur un an.

· TOURISME/TRANSPORTS - L'effervescence post-Covid

- Getlink au sommet. L'exploitant du tunnel sous la Manche a réalisé le meilleur premier semestre de son histoire avec un chiffre d'affaires de 934 millions d'euros. Soit une hausse de 64 % sur un an. En outre, le résultat net bondit de 218 % pour atteindre 159 millions d'euros, soit autant que toute l'année 2019. Ces résultats « historiques » sont en grande partie portés par les performances d'ElecLink, un câble électrique d'un gigawatt tendu dans le tunnel entre la France et l'Angleterre, qui a engendré 330 millions d'euros de chiffre d'affaires, soit le tiers de celui du groupe. Par ailleurs, sur le transport, Eurostar a enregistré 5 millions de passagers au premier semestre 2023 (+54 %).

· AERONAUTIQUE/DEFENSE - Vents favorables

- Thales plein pot. Les résultats semestriels que le groupe a publié démontrent la pertinence de son modèle équilibré entre activité civile et militaire. Son activité « avionique » a vu son chiffre d'affaires bondir de 11,5 % sur les six premiers mois. Sa branche Défense croît, elle, de 5,6 % dans le sillage du réarmement mondial dans le contexte de la montée des tensions en Europe et en Asie. Thales annonce du coup un chiffre d'affaires organique en hausse de 7,7 %, ajusté à 8,7 milliards d'euros (+5,6 %) et un bénéfice net en croissance de 15 %.

Lire aussi : RESULTATS - La reprise du trafic aérien et le réarmement propulsent Thales

- Dassault s'inquiète d'une chute des commandes d'avions d'affaires. Le Rafale a beau enchaîner des succès à l'exportation, 2023 sera une petite année pour Dassault. En présentant ses résultats semestriels, le groupe aéronautique familial a confirmé des objectifs de livraison en baisse en 2023, avec la fourniture de 15 avions de chasse Rafale cette année et d'une petite fournée de 35 avions d'affaires Falcon, soit moitié moins qu'en 2022. Au premier semestre, l'entreprise a enregistré 12 prises de commandes Falcon, contre 41 à la même période l'an dernier et n'a livré que 9 Falcon, contre 14 au 1er semestre 2022. Toutefois, Dassault n'a toujours aucun souci financier avec un résultat net ajusté de 405 millions d'euros, soit 17,6 % du maigre chiffre d'affaires (2,3 milliards).

· ENERGIE/ENVIRONNEMENT - Les investissements verts alimentent la croissance

- Engie revoit à la hausse ses prévisions pour 2023. L'énergéticien attend désormais un résultat net récurrent compris entre 4,7 et 5,3 milliards d'euros cette année, contre 3,4 à 4 milliards d'euros auparavant. L'EBIT hors nucléaire devrait s'établir dans une fourchette indicative de 8,5 à 9,5 milliards d'euros (contre 6,6 à 7,6 milliards auparavant). La révision à la hausse est principalement liée aux solides résultats enregistrés par la branche des solutions d'approvisionnement énergétique et de gestion des risques (GEMS), explique dans un communiqué l'entreprise.

Lire aussi : RESULTATS - Engie revoit à la hausse ses prévisions pour 2023

· SANTE - Retour à la normale pour les laboratoires pharmaceutiques

- Lonza freiné par les contraintes de financement des biotechs. Le groupe suisse, fournisseur de l'industrie pharmaceutique, a publié des ventes légèrement inférieures aux attentes au premier semestre, freinées par les « contraintes de financement » des sociétés de biotechnologie dans le contexte de hausse des taux d'intérêt. Sur les six premiers mois de l'exercice, Lonza a enregistré un recul de 17,5 % de son bénéfice net, à 411 millions de francs suisses (425 millions d'euros). Son chiffre d'affaires s'est, lui, accru de 3,2 %, à 3 milliards de francs suisses, en deçà néanmoins des attentes. Le laboratoire vise désormais une marge brute d'exploitation de l'ordre de 28 à 29 % sur l'année, contre un objectif de 30 à 31 % auparavant, a indiqué le groupe

· IMMOBILIER/BTP - La crise des volumes

- Le réseau d'indépendants IAD tire son épingle du jeu dans un marché en recul. Sur un an, pour son exercice clôt le 30 juin, le réseau de mandataires immobiliers - sans agences physiques - a réalisé 60.000 ventes en France, à comparer à 62.000 un an plus tôt. Et s'arroge une part de marché d'environ 6 %. Le léger recul de son activité n'a en outre pas érodé son chiffre d'affaires. Il est stable, à 496 millions d'euros dans l'Hexagone, grâce aux prix des logements anciens qui ont encore augmenté sur un an.

Source: Les Échos