Les États-Unis font un pas de plus vers un défaut sur leur dette

May 02, 2023
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Les États-Unis se sont rapprochés un peu plus d’un potentiel défaut sur leur dette publique après avoir récolté moins d’impôts que prévu, s’avançant ainsi vers le moment où le pays ne pourra plus faire face à toutes ses obligations, a averti lundi 1er mai la secrétaire américaine au trésor Janet Yellen.

Dans un courrier adressé au président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, et rendu public par le trésor, Janet Yellen a en effet estimé que le mur de la dette pourrait être atteint « dès le 1er juin ».

« Notre meilleure estimation est que nous ne serons plus en mesure de satisfaire à l’ensemble des obligations du gouvernement début juin, et potentiellement dès le 1er juin », a-t-elle écrit au dirigeant républicain.

Une situation économique précaire

Cela ne signifie pas un défaut dès le mois prochain mais les États-Unis, qui jusqu’ici avaient pu éviter de fermer des services en jouant sur les différentes lignes comptables, se retrouveraient cette fois dans une situation économique nettement plus précaire.

Concrètement, le trésor serait dans l’obligation de choisir entre ses différentes dépenses contraintes, ce qui pourrait l’obliger à fortement limiter certaines, notamment celles relatives aux prestations de santé ou de retraite, afin de pouvoir continuer à remplir ses obligations relatives à ses prochaines échéances liées à sa dette.

« Il est impossible de prévoir avec certitude la date exacte à laquelle le Trésor ne sera plus en mesure de payer les factures du gouvernement et je continuerai à en tenir le Congrès informé dans les semaines à venir, à mesure que les informations seront disponibles », a ajouté Janet Yellen.

Un vote pour relever le plafond d’endettement

Dans un communiqué, le service du budget du Congrès (CBO) a confirmé les estimations du trésor, jugeant que « dans la mesure où la campagne de déclarations sur le revenu a été plus faible qu’initialement anticipé, nous estimons désormais qu’il y a un risque significativement plus élevé que le trésor ne dispose plus des fonds nécessaires dès début juin ».

Le Congrès américain doit régulièrement voter afin de relever le plafond d’endettement de l’État fédéral, une procédure réalisée à 78 reprises depuis le début des années 1960, le plus souvent sans débat particulier.

Mais cette année, les républicains, qui disposent depuis début 2022 d’une légère majorité à la Chambre, refusent d’accorder ce qu’ils estiment être un chèque en blanc en faveur de l’administration du président Biden et veulent au contraire qu’une hausse de ce plafond soit couplée à une coupe drastique des dépenses fédérales.

Un plafond de 31 000 milliards de dollars

Or le gouvernement fédéral a atteint son plafond, de 31 000 milliards de dollars (plus de 28 000 milliards d’euros), mi-janvier, obligeant le Trésor à prendre une première série de mesures, avant tout comptables, afin de rester au niveau atteint.

Du côté de la Maison-Blanche, Joe Biden a répété à plusieurs reprises que le relèvement du plafond devait être réalisé sans condition, estimant que la dette était le résultat des politiques menées par le passé par l’ensemble des administrations, issus des deux partis.

Dans un communiqué, la présidence a annoncé que Joe Biden a appelé lundi Kevin McCarthy afin de le convier à une réunion le mardi 9 mai, en présence des principaux responsables démocrates et républicains du Congrès.

Baisse des dépenses fédérales

Mercredi dernier, la Chambre des représentants a voté un texte proposé par Kevin McCarthy prévoyant une baisse de 4 500 milliards de dollars (environ 4 000 milliards d’euros) des dépenses fédérales sur les dix prochaines années en échange d’une hausse du plafond de 1 500 milliards (soit plus de 1 300 milliards d’euros), ou une clause de revoyure au 31 mars 2024, ce qui ferait dès lors de la dette l’un des principaux thèmes de la campagne présidentielle en vue des élections de novembre de la même année.

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Après la publication de la lettre de Janet Yellen, le compte Twitter des républicains à la Chambre rappelait d’ailleurs que « la loi “Limiter, économiser, croissance” permettra de limiter les dépenses inconsidérées de Washington. » Le texte ne devrait vraisemblablement pas être voté par le Sénat, contrôlé par les démocrates à une légère majorité.

Source: La Croix