Face à la crise alimentaire, l’ONU convoque à Rome un sommet, soumis à des tensions

July 24, 2023
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Antonio Guterres, lors de la session d’ouverture du sommet de trois jours de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur les systèmes alimentaires, à Rome, le 24 juillet 2023. ANDREW MEDICHINI/AP

Deux semaines après un rapport international alarmant, confirmant que la faim dans le monde se maintient à un niveau très élevé, et une semaine après la fin de facto de l’accord céréalier en mer Noire due au retrait de la Russie, plongeant les pays importateurs de céréales dans l’incertitude, c’est dans un contexte tendu que l’organisation des Nations unies (ONU) convoque un sommet sur les systèmes alimentaires.

Cette rencontre, à Rome, du 24 au 26 juillet, est la deuxième du genre, deux ans après un sommet virtuel en septembre 2021, qui avait suscité une vague de mécontentements. L’initiative avait été boycottée par de nombreuses organisations de la société civile et par des scientifiques, en raison de la place accordée aux multinationales de l’agro-industrie, et des rapporteurs spéciaux des Nations unies avaient critiqué la gouvernance du processus et son manque de transparence.

Le nouveau sommet, qui donne lieu à un suivi des engagements pris il y a deux ans – une trentaine de coalitions thématiques avaient vu le jour sur la restauration scolaire, le gaspillage alimentaire, les technologies numériques pour l’agriculture, etc. –, n’échappe pas à ces critiques.

Pendant trois jours, les représentants de 160 Etats se réunissent, dont une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernements (parmi lesquels la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, organisatrice du sommet avec les Nations unies, les premiers ministres d’Ethiopie, du Bangladesh ou encore du Népal). Mais le sommet ouvre aussi la porte aux acteurs non étatiques, et notamment aux entreprises. Les grandes multinationales de l’agroalimentaire – BASF, Bayer, Cargill, Nestlé, Sodexo, Syngenta, etc. – sont réunies dans une coalition, lancée à l’issue du premier sommet, sur les systèmes alimentaires.

« Des personnes continuent de souffrir et mourir de la faim »

Le sommet ne conduira pas à l’adoption d’une déclaration politique internationale, mais le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a profité de la rencontre pour lancer un appel à l’action. « Dans un monde d’abondance, il est scandaleux que des personnes continuent de souffrir et mourir de la faim », a déclaré le haut diplomate, lundi 24 juillet, en demandant des investissements « massifs » en faveur de systèmes alimentaires « durables, équitables, sains et résilients » – à hauteur d’au moins 500 milliards de dollars (449,36 milliards d’euros) par an en aide aux pays en développement.

Dénonçant le récent retrait russe de l’initiative céréalière en mer Noire, susceptible de faire monter les prix des marchés céréaliers, M. Guterres a rappelé que « lorsque les prix alimentaires grimpent, les espoirs des pays en développement chutent ». Le secrétaire général a aussi insisté sur la nécessité de réduire les impacts environnementaux de la production alimentaire : « Nous avons besoin de systèmes alimentaires qui puissent mettre fin à la guerre insensée livrée à notre planète », a-t-il exhorté.

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Source: Le Monde