La pollution de l’air fait vieillir nos yeux plus rapidement, selon cette étude

July 25, 2023
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Jasper James / Getty Images Jasper James / Getty Images

SANTÉ - Encore un nouvel effet néfaste de la pollution atmosphérique. Une étude menée par des chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et de l’université de Bordeaux montre que la pollution atmosphérique accélère le vieillissement des yeux et pourrait entraîner des maladies neurodégénératives, comme le glaucome. Cette maladie du nerf optique est la deuxième cause de cécité dans le monde. Les résultats ont été publiés dans la revue Environmental Research et repris par Sciences et avenir vendredi 21 juillet.

L’étude a été réalisée pendant onze ans sur 683 personnes âgées de 75 ans ou plus. Tous les participants font partie de la Communauté urbaine de Bordeaux qui regroupe 28 communes. Pour estimer leur exposition à la pollution atmosphérique, entre 2009 et 2020, les habitants ont bénéficié d’examens oculaires tous les deux ans et la quantité de particules fines a été mesurée à leur adresse de résidence.

Les résultats montrent que pendant ces années, les personnes habitants dans le centre de Bordeaux, où la concentration de particules fines s’élève à 25 µg/m3 (masse de particules par unité de volume d’air), ont vu l’épaisseur de la couche des fibres nerveuses de leur rétine réduire de façon plus importante que ceux habitant dans des zones avec des taux de 20 µg/m3.

Une possible augmentation du risque de glaucome

Si l’étude met en lumière le lien entre pollution atmosphérique et santé oculaire, qui n’avait jusqu’ici encore jamais été établi, les chercheurs avaient en revanche déjà mis en évidence au cours d’études précédentes une relation de cause à effet entre pollution de l’air et maladies neurodégénératives.

Or « on oublie souvent que l’œil, et plus particulièrement la rétine, est une ‘extension’ du système nerveux central, donc de notre cerveau. À partir de cela, nous avons donc fait l’hypothèse que la pollution peut aussi avoir un effet néfaste sur nos yeux », explique Laure Gayraud, doctorante en épidémiologie et première autrice de l’étude.

« On reste prudents en ce qui concerne le glaucome, car son diagnostic repose sur une batterie d’examens et nous n’avons pas étudié le lien direct avec la maladie mais une de ses caractéristiques », précise Laure Gayraud.

Lutter contre la baisse de la pollution atmosphérique

L’étude révèle que les niveaux de pollution atmosphérique par les particules fines ont diminué pendant les onze années. Elles sont se retrouvées en dessous du seuil européen. « Pour les PM2,5 [particules de diamètre de 2.5 micron, ndlr], le seuil est fixé à un maximum de 25 microgrammes par mètre cube. Dans cette étude, les mesures variaient de 16 à 25 microgrammes par mètre cube, avec une moyenne autour de 20 », indique le Dr Cécile Delcourt, directrice de recherche à l’Inserm, qui a dirigé l’étude.

Mais même lorsque les niveaux de pollution atmosphérique sont inférieurs aux seuils actuellement recommandés par l’Europe, l’exposition répétée aux particules fines accentue la neuro-dégénération de la rétine. Pour la scientifique, c’est « un argument supplémentaire » en faveur de la baisse de la pollution atmosphérique et des normes européennes.

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Source: Le HuffPost