La torche des Jeux olympiques de Paris dévoilée, un symbole de parité design et durable

July 25, 2023
182 views

Le designer français Mathieu Lehanneur dévoile la conception des torches et des chaudrons olympiques et paralympiques de Paris 2024 lors d’une conférence de presse en Seine-Saint-Denis, Paris, le 25 juillet 2023. ALAIN JOCARD / AFP

Il y avait la torche olympique en forme de fleur de cerisier, jusqu’à la couleur rose de son métal, pour Tokyo à l’été 2021, ou celle façon ruban géant rouge et argent, pour Pékin à l’hiver 2022. Ou encore, ce modèle bleuté, entre bâton de ski et bâtiment iconique du chef-lieu du Piémont, la Mole Antonelliana (Turin, 2006), qui a remporté en son temps le « Lorenzo il Magnifico », la plus haute distinction de la Biennale d’art contemporain de Florence.

La torche des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, dévoilée ce mardi 25 juillet – un an tout juste avant le top départ des festivités –, arbore une forme inédite, bombée en son centre et effilée aux deux extrémités, qui pourrait évoquer les fuseaux en bois tourné d’autrefois, pour filer laines et dentelles.

« Nombre de flambeaux olympiques, dans l’histoire de cet objet né en 1928 à Amsterdam puis développé par Adolf Hitler pour les Jeux de Berlin en 1936, me font penser à une arme, ou à une massue », a expliqué Mathieu Lehanneur, le designer français qui a remporté l’appel d’offres lancé à l’hiver 2022 par le Comité d’organisation de Paris 2024 pour le dessin de la flamme et de la vasque olympiques. « J’ai dessiné une torche qui sera, pour la première fois, absolument symétrique du haut en bas, symbole de la parité entre les athlètes mais aussi de l’égalité entre les Jeux olympiques et paralympiques, qui auront un seul et même emblème. »

Le créateur de 49 ans, de renommée internationale – entre œuvres de jeunesse entrées au Museum of Modern Art de New York et mobilier urbain pour la COP 21, à Paris, à l’éclairage solaire –, rend aussi hommage à l’eau, avec un motif de vagues ondulant sur les torches.

« J’ai voulu célébrer la Seine, colonne vertébrale de Paris, et l’eau en général, qui permet à la flamme de traverser la Méditerranée sur le célèbre Belem, de la Grèce jusqu’à Marseille, puis d’atteindre la capitale, après un parcours à la voile dans les océans qui baignent la Guadeloupe ou la Martinique », souligne-t-il.

Economie et réemploi

Pour la fabrication de l’objet design le plus vu de la planète, économie de matières et durabilité sont à l’honneur. A l’instar de la torche de Tokyo, l’emblème de la XXXIIIe olympiade sera réalisé en métal recyclé – un acier de teinte champagne – par ArcelorMittal, dans trois des unités que possède le géant sidérurgiste en France.

Elle a été conçue de façon à économiser la matière et à pouvoir être réutilisée environ dix fois, durant les relais. Seules 1 500 torches olympiques et 500 paralympiques seront confiées aux 10 000 porteurs de la flamme, qui se succéderont d’Athènes à Paris, « soit une production cinq fois moindre qu’à l’ordinaire, préservant les ressources », s’est félicité le comité organisateur.

Les relayeurs de la flamme – parmi eux, le comédien Jamel Debbouze, l’astronaute Thomas Pesquet ou le chef Thierry Marx – se verront remettre « un cadeau symbolique », tandis que les rares torches seront « destinées aux partenaires, parrains de Paris 24, collectivités et villes étapes », a précisé Mathieu Lehanneur.

Les torches ont en effet tendance à flamber bien au-delà des olympiades. En février 2023, la flamme rouge et bronze des Jeux d’hiver de 1968 à Grenoble (Isère) – ceux de Jean-Claude Killy aux trois médailles d’or – s’est envolée à 110 000 euros, lors d’une vente aux enchères orchestrée par le cabinet lyonnais Millon.

Celle dessinée par Philippe Starck pour les JO d’hiver d’Albertville en 1992, dite La Corne, car inspirée des petites cornes des vaches tarentaises, est entrée dans les collections du Centre Pompidou à Paris. Et s’enflamme régulièrement aussi sur le second marché de l’art, quoique plus modestement : elle a été adjugée en 2019 par l’étude Me Mazzoni et Me Coureau à Bordeaux à 10 600 euros !

Source: Le Monde