A Marseille, la protestation des policiers perturbe les commissariats : " On ne demande pas l’impunité, juste du respect "

July 25, 2023
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Une centaine de policiers sont venus soutenir leurs quatre collègues devant le palais de justice de Marseille et attendre la décision du juge pour un placement en détention provisoire, le 20 juillet 2023. PHILIPPE LAURENSON / PHOTOPQR / « LA PROVENCE » / MAXPPP

« Ils m’ont dit qu’ils étaient tous en grève… Et qu’ils ne pouvaient rien pour moi. » Lundi 24 juillet, Moustapha Merabet, 19 ans, ressort du commissariat central de Noailles (1er arrondissement), sur la Canebière, à Marseille, quelques minutes après y être entré. Le jeune homme, originaire de Creil (Oise), n’a pas pu compléter sa déclaration de vol d’un sac à dos. « J’espère que je pourrai finaliser tout ça chez moi », lâche-t-il, dépité. Depuis le matin, le principal commissariat marseillais refuse en bloc les dépôts de plainte. Et l’agente dans le sas d’accueil douche l’espoir des personnes venues là en quête d’aide. « Dans les 2e et 3e arrondissements, ils ne les prennent pas non plus… Les autres, je vous conseille d’appeler avant », prévient-elle, en indiquant les numéros des commissariats sur la porte.

Carte professionnelle du ministère de l’intérieur à la main, deux fonctionnaires de l’administration pénitentiaire ressortent en colère. Elles aussi ont été éconduites. « Chez nous, quand un surveillant commet des violences, on ne le soutient pas… On en a honte », gronde l’une d’elles, qui requiert l’anonymat.

A Marseille, le mouvement de protestation des policiers a démarré vendredi 21 juillet en réaction au placement en détention provisoire d’un agent de la brigade anticriminalité (BAC), mis en examen comme trois de ses collègues, pour « violences volontaires commises en réunion, avec usage d’une arme, par personne dépositaire de l’autorité publique ». Quatre jours plus tard, il atteint une ampleur inédite et perturbe totalement les services.

« Une mesure injuste »

Dimanche 23 juillet, le commissariat du Merlan (14e) n’a pu ouvrir. Lundi, la préfecture de police refuse de donner le nombre d’agents ayant déposé des arrêts maladie, dans une forme de grève déguisée… Mais plusieurs sources l’estiment en hausse. « La situation est compliquée, mais les appels au 17 sont traités, et toutes les opérations urgentes sont assurées. Et, sur le terrain, nous avons des unités de CRS », détaillent les autorités, qui jonglent avec les effectifs présents.

« On ne connaît ni le nombre exact des arrêts maladie ni leur durée. Mais la protestation touche désormais des villes, voire des départements proches comme le Var ou les Alpes-Maritimes, notamment chez les BAC », jauge Bruno Bartocetti, secrétaire du syndicat Unité SGP Police-FO pour la zone sud. Selon lui, « près de 10 % des 4 500 fonctionnaires que comptent les Bouches-du-Rhône sont à l’arrêt ». « Le mouvement part de la base, et on ne sait pas vers quoi il se dirige », se projette son collègue Eddy Sid, délégué à Marseille de la même organisation.

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Source: Le Monde