En Allemagne, cacophonie à droite sur la relation avec l’extrême droite de l’AfD

July 25, 2023
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Friedrich Merz, président de l’Union chrétienne-démocrate (CDU, conservateur) le parti conservateur allemand, le 13 février, en conférence de presse à Berlin. ODD ANDERSEN/AFP

En accédant à la présidence de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), en janvier 2022, Friedrich Merz avait promis de redonner à celle-ci une « boussole » après sa défaite historique aux élections législatives, quatre mois auparavant. Un an et demi plus tard, celui qui aime se présenter comme un homme aux « idées claires » a le plus grand mal à définir un cap sur une question pourtant fondamentale : les relations de la CDU avec le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Celui-ci atteint des niveaux inédits dans les intentions de vote : 20-21 % à l’échelle nationale, derrière la CDU (26-28 %) mais devant le Parti social-démocrate (SPD) du chancelier Olaf Scholz, crédité de 18 % seulement dans les derniers sondages.

Invité de la chaîne ZDF, dimanche 23 juillet, M. Merz a exclu que la CDU coopère avec l’AfD au niveau des Länder, de l’Etat fédéral et au Parlement européen. Mais, si le parti d’extrême droite remporte un arrondissement (Landkreis) ou une mairie, comme c’est arrivé pour la première fois en Thuringe et en Saxe-Anhalt au début de l’été, « il faut évidemment trouver le moyen de continuer à aller de l’avant ensemble dans les assemblées communales », a-t-il affirmé.

Ces quelques mots ont provoqué un tollé au sein de la CDU. Jusque tard dans la nuit de dimanche à lundi, simples militants, cadres locaux mais aussi responsables de premier plan ont condamné avec sévérité les propos de leur président, rappelant que leur parti a toujours exclu toute coopération avec l’AfD, ce qui est effectivement sa ligne officielle, même si, au niveau local, celle-ci a déjà été enfreinte à plusieurs reprises, essentiellement dans l’est du pays. « La CDU ne veut ni ne pourra jamais travailler avec un parti dont le modèle de société repose sur la haine, la division et l’exclusion », a tweeté le maire de Berlin, Kai Wegner. « Dans une assemblée locale ou au Bundestag, l’extrême droite reste l’extrême droite. Pour les chrétiens-démocrates, l’extrême droite sera toujours l’ennemie », a réagi la vice-présidente du Bundestag, Yvonne Magwas.

Des appels du pied

Face à cette fronde, dont l’ampleur et l’instantanéité ont surpris tous les observateurs, M. Merz est vite remonté au front. « Pour être clair une nouvelle fois, et je n’ai jamais dit autre chose : les décisions prises par la CDU s’appliquent. La CDU ne travaillera pas avec l’AfD, même au niveau communal », a-t-il assuré sur Twitter, lundi matin, avant de le déclarer de nouveau à l’agence de presse DPA plus tard dans la journée. Entre-temps, il s’était également fait rabrouer par Markus Söder, le président du parti conservateur bavarois CSU, allié de la CDU en Bavière : « En voulant sortir de l’Union européenne et de l’OTAN, l’AfD met en cause notre prospérité et notre sécurité. C’est pourquoi nous nous en démarquons clairement. »

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Source: Le Monde