Edenred : Avec la hausse des taux et une forte dynamique commerciale, les résultats d'Edenred bondissent
(BFM Bourse) - Le spécialiste des solutions de paiements dans le monde du travail a dépassé les attentes sur ses revenus et son résultat brut d'exploitation, relevant également sa prévision d'Ebitda pour l'exercice en cours. Un accroc sur le résultat net occasionne toutefois un repli du titre.
Cette saison des résultats l'illustre très bien : il suffit d'un grain de sable pour qu'une publication soit sanctionnée, quand bien même les chiffres s'avèrent conformes et même supérieurs aux attentes.
Après Thales vendredi, Edenred en fait les frais ce mardi. Le spécialiste des solutions d'argent fléché et de paiements dans le monde du travail a pourtant livré une copie très solide ce mardi au titre de son premier semestre.
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Sur le seul deuxième trimestre, les revenus du tout nouveau pensionnaire du CAC 40 ont bondi de 25,5% en données publiées et de 25,2% en données comparables, à 606 millions d'euros. Le seul chiffre d'affaires opérationnel a progressé de 19,6% en données comparables à 562 millions d'euros.
La dynamique commerciale du groupe continue de porter ses fruits, soutenue par un environnement d'inflation qui bénéficie à Edenred. En raison de la hausse des prix, les gouvernements des différents pays dans lesquels le groupe est présent relèvent les plafonds des avantages fiscaux des produits émis par Edenred (titres restaurant, titres cadeau).
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Une inflation porteuse pour Edenred
Le PDG, Bertrand Dumazy, a expliqué qu'en 2022, 46% des pays avaient relevé ces plafonds et sur ces 46%, la moitié a annoncé de nouvelles hausses au titre de 2023. Sachant que les entreprises mettent ensuite deux années pour atteindre 85% du différentiel entre l'ancien et le nouveau plafond, l'activité d'Edenred a encore de belles perspectives à venir.
"L'inflation crée des problèmes de pouvoir d'achat pour les salariés et utiliser les solutions d'Edenred est une bonne manière de donner une réponse à ces problématiques", a souligné Bertrand Dumazy. Les produits d'Edenred permettent en effet d'augmenter la rémunération des employés sous d'autres formes que le salaire, en bénéficiant d'avantages fiscaux.
Il convient également de souligner que la forte croissance d'Edenred a été générée en dépit d'une baisse des prix à la pompe par rapport à ceux du deuxième trimestre 2022, qui avaient alors eu un impact favorable exceptionnel sur la division "mobilité" (cartes carburants, de péages, gestion de flotte automobile). Ce contre-coup a pénalisé d'un peu moins de deux points de pourcentage la croissance du chiffre d'affaires opérationnel du deuxième trimestre.
Le revenu financier, soit l'argent placé par la société à court terme en attendant que les titres de services prépayés soient effectivement dépensés par les salariés, a bondi, passant de 18 millions d'euros au deuxième trimestre 2022 à 44 millions d'euros, grâce à la remontée des taux d'intérêt de court terme ainsi que l'augmentation des volumes d'émission (et donc de l'argent placé par la société).
Objectif relevé
Sur l'ensemble du premier semestre, la croissance en données comparables des revenus de la société a atteint 25,5% à 1,16 milliard d'euros. Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) a progressé de 35,2% en données comparables à 483 millions d'euros.
Et Edenred a, à l'issue de ce premier semestre, précisé son objectif d'Ebitda pour 2023, ce qui revient en réalité à le relever. Edenred comptait auparavant le faire progresser de plus de 12% en données comparables.
Ce mardi, la société a indiqué viser un Ebitda compris entre 1,02 milliard d'euros et 1,09 milliard d'euros. Bertrand Dumazy a indiqué que cette fourchette correspondait à une croissance en données publiées comprise entre 22% et 30%, pourcentages qui passent à une fourchette de 18% à 26% en données comparables.
Stifel souligne qu'Edenred a battu les attentes, tant en termes de chiffre d'affaires et d'Ebitda au premier semestre. Quant à sa nouvelle prévision d'Ebitda, elle s'avère elle aussi supérieure aux prévisions des analystes en milieu de fourchette.
Un raté sur le bénéfice
Et pourtant l'action Edenred subit des dégagements, reculant de 1,9% vers 15h. La réponse semble provenir de la dernière ligne de compte, à savoir le résultat net.
Le bénéfice a progressé de 18,8% à 202 millions d'euros. Mais cette fois-ci ce chiffre s'avère inférieur au consensus, qui s'inscrivait à 244 millions d'euros, remarque Stifel, en raison "de coûts de financements plus élevés".
Edenred a en effet expliqué que le résultat financier avait été en plus forte perte (-58 millions d'euros contre -17 millions d'euros au premier semestre 2022) en raison de "la hausse des taux d’intérêt impactant le coût de la dette, de la charge financière liée à la dette levée pour financer l’acquisition de Reward Gateway (annoncée en mai dernier, NDLR) et enfin l’impact négatif de l’hyperinflation en Argentine et en Turquie".
Interrogé sur la baisse du titre en Bourse, Bertrand Dumazy n'a pas donné d'explication."Le marché a toujours raison mais pas tous les jours", a-t-il estimé, ajoutant que la société devrait s'efforcer de mieux expliquer ses chiffres aux investisseurs dans les prochains jours, lors de roadshows.
Le PDG d'Edenred a par ailleurs jugé "logique", l'annonce de son concurrent Pluxee, une filiale de Sodexo qui doit être introduite en Bourse l'an prochain. Pluxee a noué ce mardi un partenariat stratégique avec la banque Santander au Brésil pour accélérer sa croissance dans le pays.
Betrand Dumazy a expliqué que le Brésil rendait nécessaire ce type d'alliance, car le pays est "un continent" avec maillage très inégal en termes de densité.
Or l'activité d'Edenred et de Pluxee nécessite de conquérir des PME au sein de ce vaste territoire, ce qui s'avère coûteux et peu rentable en termes d'efforts commerciaux. "Si vous vous appuyez pour la distribution sur un partenaire qui possède un réseau d'agences bancaires, à ce moment-là ça devient rentable", a expliqué Bertrand Dumazy.
Le PDG a également souligné que son groupe avait déjà noué un accord de ce type avec la première banque du pays, Itau Banco, il y a….cinq ans.
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
Source: BFM Bourse