Lvmh : Avec une croissance qui cale aux Etats-Unis et une rentabilité décevante, LVMH chute en Bourse
(BFM Bourse) - Le groupe de luxe a vu ses revenus progresser tout juste en ligne avec les attentes des analystes au deuxième trimestre dans sa division mode et maroquinerie tandis que la marge opérationnelle a, elle, été plus faible qu'attendu. Les ventes ont baissé sur la période aux États-Unis.
"Impressionnant mais moins flamboyant qu'à l'accoutumée". Invest Securities résume bien la teneur de la publication de LVMH pour le premier semestre.
Habitué à rendre des copies sans la moindre aspérité, le numéro mondial de luxe a cette fois présenté une activité et des comptes avec quelques éléments de nature à faire sourciller les investisseurs.
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Évidemment tout ceci reste bien relatif. Car dans l'absolu la croissance organique du groupe demeure élevée. Au deuxième trimestre, LVMH a vu ses revenus progresser de 17% en variation comparable. Sa division mode et maroquinerie, la plus importante du groupe, a enregistré une croissance de 21% sur ces mêmes bases. Les analystes, eux, tablaient sur une hausse de 16% au niveau du groupe et de 21% pour la division mode et maroquinerie, selon le consensus cité par Royal Bank of Canada.
Mais les investisseurs attendaient en réalité probablement plus qu'une croissance tout juste en ligne avec les attentes pour la division mode et maroquinerie, explique Deutsche Bank. Royal Bank of Canada estime ainsi que le marché plaçait la barre autour de 24% voire 25%.
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Baisse de l'activité aux États-Unis
LVMH a pâti d'un tassement de son activité globale aux États-Unis, où l'évolution de ses revenus a basculé dans le rouge en données comparables (-1%) au deuxième trimestre. Le directeur financier du groupe, Jean-Jacques Guiony, a expliqué mardi soir que la division mode et maroquinerie était en légère baisse au deuxième trimestre mais "proche de zéro".
"Nous faisons face à un peu de pression au niveau des consommateurs américains", a-t-il déclaré aux analystes, même si la situation dépend des marques. Le dirigeant a indiqué que les clients "aspirationnels" souffraient "un peu", notamment dans les villes secondaires en termes de tailles ainsi que sur les ventes en ligne. Ces clients "aspirationnels" constituent une catégorie de consommateurs moins aisée financièrement que le client moyen du luxe et qui se porte sur des produits un peu moins élevés dans la gamme et davantage dans l'air du temps.
La dynamique de l'Asie hors Japon, avec une augmentation de 34% des revenus en données comparables, grâce au rebond de la Chine, a largement compensé le coup de mou des Etats-Unis. "Au premier semestre 2022, les États-Unis étaient en plein essor et le 'cluster chinois' (les ventes en Chine auxquelles s'ajoutent les dépenses des Chinois à l'étranger) était faible, alors qu'au premier semestre 2023, nous constatons exactement le contraire, ce qui renforce l'importance d'une répartition géographique bien équilibrée", conclut Stifel.
La division "vins et spiritueux" déçoit aussi, même si sa contribution est la plus faible parmi les cinq grandes activités de l'entreprise. Plombée par des ventes de cognac en chute libre, son activité a reculé de 8% au deuxième trimestre en données comparables, là où les analystes attendaient une baisse de 2%.
A contrario, les autres divisions ont surpris positivement, notamment la distribution sélective (travel retail, Sephora) qui a progressé de 25% en données comparables.
Un raté "sain" sur la marge
En dehors de l'activité, la rentabilité de LVMH a souffert et s'est inscrite sous les attentes. Le résultat opérationnel courant s'est établi à 11,57 milliards d'euros au premier semestre, contre 11,845 milliards d'euros attendus par les analystes. La marge opérationnelle s'est elle effritée à 27,4% contre 27,9% un an plus tôt et 28% attendu par le consensus. Jean-Jacques Guiony a expliqué que la rentabilité avait été mise sous pression par les dépenses promotionnelles et marketing et les évènements organisés pour alimenter la désirabilité des marques de la société, comme le show spectaculaire de Pharrell Williams pour le défilé Louis Vuitton sur le Pont-Neuf à Paris, en juin.
Le directeur financier a néanmoins confirmé que la société comptait "défendre ses marges" cette année au niveau de l'an passé, soit 26,6% et a également indiqué que le second semestre serait moins intense en matière de dépenses marketing.
"Nous considérons qu'il s'agit d'un raté (sur la marge, NDLR) sain/bonifiée, qui s'explique en grande partie par des investissements marketing nettement plus élevés visant à renforcer la désirabilité de la marque et à alimenter de nouveaux gains de parts de marché et une surperformance des ventes au second semestre pour la division mode et maroquinerie", juge Stifel. Royal Bank of Canada dresse un constat similaire.
À la Bourse de Paris, LVMH chute de 3,4% vers 10h40, accusant la deuxième plus forte baisse du CAC 40, et entraînant dans son sillage Kering (-2,3%) et Hermès (-1,6%), les deux grands autres grands acteurs du luxe.
"Dans l'ensemble, nous considérons que cette publication est négative pour les attentes concernant la poursuite de la dynamique des bénéfices", tranche Deutsche Bank.
Stifel se veut plus optimiste pour la suite, confirmant sa recommandation à l'achat. "Quel autre groupe parmi les grands noms de la consommation peut réaliser une croissance organique de +17% avec une marge d'exploitation de 27% tout en réinvestissant de manière substantielle pour alimenter la croissance future et en affichant un historique de croissance cohérent sur trois décennies? Maintenez le cap et achetez en cas de faiblesse", recommande la banque.
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
Source: BFM Bourse