" L’Amie prodigieuse ", une troisième saison aussi soignée que les précédentes
L’Amie prodigieuse (saison 3)
21 h 10 sur France 3
L’adaptation à l’écran de la saga littéraire à succès (16 millions d’exemplaires vendus dans 56 pays !) se poursuit avec une troisième saison aussi soignée que les précédentes. Les héroïnes nées de la plume corrosive d’Elena Ferrante sont désormais des jeunes femmes aux destins plus opposés que jamais. Il y a « celle qui fuit » et « celle qui reste », comme le résume le titre du troisième tome. Cette capacité à s’arracher aux bas-fonds de Naples et au déterminisme social conditionne le chemin de vie emprunté par chacune.
Tandis qu’Elena publie un roman remarqué, fréquente le milieu intellectuel et s’apprête à épouser un brillant professeur d’université, Lila ruine sa santé dans une usine de salaison et élève son fils dans la misère, après avoir fui la violence conjugale. Les deux amies d’enfance se sont éloignées géographiquement mais la dépendance psychologique d’Elena vis-à-vis de Lila, leur rivalité tacite, n’ont en rien diminué. Transfuge de classe, Elena est déchirée entre son désir d’ascension sociale et sa loyauté aux siens.
Mise en scène inventive
L’ambiguïté des sentiments qui unissent les deux femmes, la profondeur psychologique du roman sont parfaitement rendues dans ces huit épisodes qui racontent leur passage à l’âge adulte dans une Italie en proie aux troubles politiques et aux changements sociétaux. Sur fond d’affrontements sanglants entre communistes et fascistes, de manifestations féministes et d’arrivée clandestine de la pilule contraceptive, Elena et Lila s’efforcent, chacune à leur manière, de mener la vie qu’elles veulent.
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Les comédiennes Margherita Mazzucco et Gaia Girace donnent grâce et fougue à leurs élans d’émancipation. La mise en scène de Daniele Luchetti se fait inventive pour traduire en images, dans des séquences oniriques, les tourments intimes d’Elena. Et la reconstitution du tournant des années 1960-1970 fait revivre l’effervescence des luttes sociales, des usines aux conditions de travail indignes jusqu’aux universités en grève.
Source: La Croix