À Brest, les larmes de l’enfant du quartier suite à l’évacuation et la démolition de la Zad de l’Avenir
Elle y a « découvert la vie ». Y a grandi de ses « 18 ans à aujourd’hui ». Elle, c’est « Auguste » (*). Un clown plus que triste qui fond en profonds sanglots, ce jeudi 27 juillet 2023, devant le spectacle de la pelle mécanique prenant d’assaut la salle de l’Avenir .
La scène est saisie à la volée, sur les coups de 9 h, sur les marches de l’école Guérin. Auguste a 24 ans et ne digère pas, comme 80 des manifestants dispersés par les autorités , l’évacuation manu militari de la Zad urbaine du quartier de Saint-Martin, à Brest. Une fin à laquelle toute la ville s’attendait - y compris la jeune femme - mais qui, pour autant, ne passe pas.
« Je suis du quartier. Cela fait six ans que je venais toutes les semaines ici. Il y avait des gens de pleins d’horizons différents, il y avait des âges différents. J’y ai vécu des années d’apprentissages formidables », s’émeut la zadiste qui se présente comme « vidéaste ».
Il y avait des gens de pleins d’horizons différents, il y avait des âges différents. J’y ai vécu des années d’apprentissages formidables
Un idéal à terre
« L’Avenir, c’était des moments de partage, des moments de fête. Mes premiers instants de liberté. Et là, regardez ce qu’ils font, ils sont en train de tout démolir », s’indigne Auguste, faisant comprendre qu’au-delà de la destruction physique de la friche, c’est tout un idéal de vie qui est mis à terre.
« L’avenir, c’était aussi un moment de lâcher-prise » ponctue la Guérinoise, qui n’en pouvant plus, tombe dans les bras d’une jeune amie, pleurant elle aussi à chaudes larmes.
* Prénom d’emprunt choisi par la témoin.
Source: Le Télégramme