Crise immobilière : une "menace" pour "la cohésion sociale de notre pays", s'alarme Vinci
( AFP / EMMANUEL DUNAND )
Le PDG de Vinci, Xavier Huillard, espère que les pouvoirs publics "prennent en compte la réalité de cette situation qui commence à être réellement problématique."
La crise immobilière actuelle "menace la cohésion sociale de notre pays" . C'est ce qu'estime Vinci, le géant français du BTP qui a engrangé 2 milliards d'euros de bénéfice au premier semestre, selon son PDG Xavier Huillard ce vendredi 28 juillet.
Le groupe, qui a obtenu mi-juillet l'attribution d'un lot emblématique du chantier du Grand Paris Express portant sur la construction d'un tronçon de la ligne 15 (Pont-de Sèvres-La Défense) à l'ouest de Paris, a réalisé un très bon premier semestre 2023 dans toutes ses activités : construction, concessions, énergie, sauf dans dans l'immobilier, la plus petite. Lors d'une conférence téléphonique avec la presse, Xavier Huillard s'est félicité d'un "très bon début d'année" et d'une "performance d'ensemble de très grande qualité", avec notamment la filiale Vinci Airports qui se "redresse de façon spectaculaire" après la crise du Covid.
Le bénéfice net au premier semestre a progressé de 12,6% par rapport aux six premiers mois de 2022. Et le chiffre d'affaires de 13,5%, à 32,4 milliards d'euros. Seule activité en difficulté, Vinci Immobilier, "pénalisée par une mauvaise conjoncture du secteur en France dans un contexte de taux d'intérêts élevés". Son chiffre d'affaires chute de 23% à 600 millions d'euros. "Vinci Immobilier n'échappe pas à la crise de l'immobilier", a dit Xavier Huillard en espérant que les pouvoirs publics "prennent en compte la réalité de cette situation qui commence à être réellement problématique, non seulement pour la profession - où beaucoup de PME sont installées sur le métier de la construction de logements - mais surtout pour la cohésion sociale de notre pays".
Selon des estimations publiées ce vendredi par le ministère de la Transition écologique, sur douze mois, le nombre de chantiers commencés, qui suit traditionnellement celui des permis de construire, était inférieur de 12,7% de juin 2022 à juillet 2023 à celui des douze mois précédents. "Cela fait environ trois ans que nous voyons les signes avant-coureurs de cette crise, et nous constatons que les réponses apportées par les décideurs, nos gouvernants, ne sont pas à la hauteur des enjeux de la filière", a souligné Xavier Huillard.
Les propositions du CNR "peu reprises" par le gouvernement
Le PDG de Vinci a espéré que le nouveau ministre du Logement, Patrice Vergriete, maire de Dunkerque, s'inspire des conclusions du dernier rapport du Conseil national de la refondation : ses propositions ont été "peu reprises" par le gouvernement, a-t-il dit, alors qu'elles émanaient de représentants emblématiques de toute la chaîne du logement, de la fondation Abbé Pierre jusqu'au leader de la promotion immobilière Nexity, a-t-il fait valoir.
"Il faut bien comprendre que c'est une véritable filière, qui commence par le logement d'urgence pour des migrants ou des gens en situation d'exclusion, qui passe ensuite au logement social, puis au logement intermédiaire, puis au logement libre, acheté par des particuliers ou par des investisseurs pour la location. C'est tout une chaîne", a-t-il dit. "Lorsque ça bloque en haut, c’est-à-dire au niveau du logement libre, cela empêche les populations des étages précédents dans la chaîne de valeur de sortir de la situation dans laquelle ils sont".
Le groupe, lui, s'en sort très bien ce semestre. Au total, Vinci affiche un excédent brut d'exploitation (EBITDA) de 5,3 milliards d'euros (16,4% du chiffre d'affaires, contre 15,9% un an avant). Une marge très largement portée par les concessions : l'EBITDA atteint 76,7% du chiffre d'affaires de la branche autoroutes par exemple, contre 4% dans la construction, qui assure près de la moitié du chiffre d'affaires.
Dans la construction, marqué aussi bien par de grands projets d'infrastructures ferroviaires en Australie ou d'électrification sous-marine entre le Danemark et l'Allemagne que par une augmentation du nombre de "contrats moyens" de plus de 50 millions d'euros, le chiffre d'affaires total s'élève à 14,9 milliards d'euros. 6,8 milliards sont réalisés en France et 8,1 milliards à l'international.
Vinci Energies est aussi "en pleine forme" a commenté Xavier Huillard, avec un bond de 18% de son chiffre d'affaires. Dans ce domaine, le groupe construit des stations de conversion de courant, comme l'interconnexion entre la France et l'Espagne, des champs photovoltaïques géants, notamment au Brésil. "D'autres suivront en Espagne et au Portugal d'ici la fin 2023", a précisé Xavier Huillard.
Source: Boursorama
