Des conditions de détention indignes à la prison, la bâtonnière du barreau de Nîmes saisit la justice

July 28, 2023
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420 détenus à la maison d'arrêt de Nîmes pour une capacité d'accueil de 200. C'est le constat dressé ce vendredi par Me Khadija Aoudia, la bâtonnière du barreau de Nîmes qui s'est rendue sur place. Et ce qu'elle y a vu la conforte dans le combat qu'elle mène depuis des années contre les conditions de détention indignes. 80 à 85 détenus en moyenne à chacun des quatre étages de l'établissement pénitentiaire, dans des cellules de 9 m2, un seul surveillant par étage. Dans les cellules exposées au sud, des températures ressenties de 40 voire 50 degrés au moment de la canicule. Et malgré cela, seulement un pack de six bouteilles d'eau d'un litre et demi par semaine autorisé pour les détenus qui cantinent. Pour les autres, l'eau du robinet. Trois douches par semaine. Une par jour pour les détenus qui travaillent et ceux qui fréquentent la salle de sports. Seuls ceux qui peuvent se le payer disposent d'un ventilateur. "Depuis 2006, la situation est inchangée, on a eu une période relativement calme pendant la période du Covid où il n'y avait plus que 380 détenus. Aujourd'hui, la surpopulation est exponentielle. Les conditions de détention sont gravissimes. On a enregistré sur une année, trois décès, un par pendaison, deux par intoxication médicamenteuse."

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"L'Etat doit garantir la dignité de tout citoyen privé de liberté"

Face à cet état de fait, les tensions s'exacerbent au sein de la maison d'arrêt. "On dort mal, on n'a pas la possibilité de récupérer et ça génère des tensions qui sont palpables selon le corps médical. Ces tensions vont nécessairement se répercuter au niveau du personnel qui subit aussi ces conditions de détention. Un seul surveillant par exemple au quartier disciplinaire. Pendant sa vacation de six heures, il va travailler uniquement à la lumière artificielle." Indigne de l'Etat français estime Me Aoudia. "L'Etre humain est sacré et inviolable, il est inacceptable que dans un Etat de droit, il puisse être constaté la négation de la dignité humaine. L'Etat doit garantir pour tout citoyen privé de liberté, sa dignité. C'est sa responsabilité. Je ne peux pas accepter que depuis de nombreuses années, l'Etat parfaitement informé de ces conditions de détention, n'ait pas mis tout en œuvre matériellement pour faire cesser les peines inhumaines et dégradantes."

250 euros par jour de détention

La bâtonnière a donc décidé de passer une nouvelle fois à l'action. "J*'ai pris la décision pour chacun de mes clients détenus au sein de la maison d'arrêt de Nîmes, et j'invite tous mes confrères à agir de la sorte, de saisir le tribunal administratif au fond, de demander la condamnation de l'Etat à les indemniser à hauteur de 250 euros par jour de détention, en raison de la violation du respect dû à la dignité humaine. Cette politique acharnée de la politique pénale répressive, il faut que l'Etat constate qu'il n'a pas les moyens de ses ambitions, même si une certaine frange de la population est encline à se réjouir de ce type de conditions de détention. Un Etat de droit doit s'élever au-dessus de toute mesure ou positionnement populiste ou extrémiste.*" Des travaux sont entamés depuis deux ans pour construire un nouveau bâtiment au sein de la prison. Il devrait être terminé en 2024 avec 120 cellules avec douches pour les hommes et 30 pour les femmes.

Source: France Bleu