Contre le harcèlement scolaire, " monsieur Attal a une vision très parisienne sur la question "

July 28, 2023
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Dans un entretien accordé au journal Midi-Libre publié jeudi 27 juillet 2023, le nouveau ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal estime que la réponse face au harcèlement scolaire doit être « implacable. » Il a annoncé : « Avant la rentrée, je vais prendre deux décrets importants. Le premier permettra le changement d’école d’un élève responsable de harcèlement plutôt que d’imposer ce changement à celui qui en est victime », indique d’une part le ministre, alors que le harcèlement scolaire et a été érigé en priorité nationale après le suicide en mai de Lindsay, 13 ans, dans le Pas-de-Calais.

Puis, dans un second volet, il souhaite donner « la possibilité de prononcer des sanctions disciplinaires à l’encontre d’un élève à l’origine de cyberharcèlement à l’endroit d’un élève d’un autre établissement, ce qui n’est pas possible aujourd’hui. »

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« Trop souvent, c’est la victime qui change d’établissement provoquant un sentiment d’injustice terrible pour les victimes et un renforcement d’impunité pour le harceleur », réagit positivement Johanna Dagorn, docteure en sciences humaines. Pour autant, l’auteure de la thèse De la différence à l’exclusion : étude de la culture d’établissement dans trois collèges favorisés, se pose « beaucoup de questions sur son application. »

Des idées « bâclées »

Pour la sociologue Johanna Dagorn, « le changement d’école va réduire le harcèlement à un harceleur et un harcelé. Or très souvent, il y a plusieurs harceleurs. » Elle s’interroge aussi sur le nombre de places d’accueil disponibles dans un même établissement.

« Monsieur Attal a une vision très parisienne, très citadine. En milieu rural, il n’y a pas des établissements à tous les arrondissements », poursuit-elle en évoquant la crainte « d’une nouvelle fois augmenter les inégalités sociales. Les idées sont bonnes, mais elles sont bâclées. »

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« Tout est une question de moyens »

Si la loi de 2022 a créé un délit de harcèlement scolaire – pouvant être puni jusqu’à 10 ans de prison – Johanna Dagorn regrette le manque d’anticipation. « La lutte, la lutte, la lutte, et la prévention où est-elle ? », s’agace celle qui a contribué à relancer la campagne « Agir contre le harcèlement » et aux axes du climat scolaire pour le Ministère de l’éducation nationale en 2012.

« Tout est une question de moyens, une meilleure formation de la communauté éducative et une sensibilisation dès le plus jeune âge », illustre la sociologue. Enfin, sur la question des sanctions à l’encontre d’un élève à l’origine de cyberharcèlement, Johanna Dagorn s’interroge sur la faisabilité de « l’harmonisation des échelles de sanctions dans tous les établissements. »

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Des réponses devraient être apportées par Gabriel Attal avec la présentation, « dès la rentrée », d’un plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire.

Source: Ouest-France