Emmanuel Macron au Sri Lanka : "La montée de la puissance chinoise" au cœur de cette visite du chef de l'Etat, selon l'historien Éric Paul Meyer
Emmanuel Macron est en visite au Sri Lanka dans la nuit de vendredi à samedi 29 juillet. C'est la première fois qu'un président français est en visite sur l'île, située au sud de l'Inde.
"Il y a une convergence des intérêts de tous ceux qui s'inquiètent de la montée de la puissance chinoise", a analysé vendredi 28 juillet sur franceinfo Éric Paul Meyer, historien spécialiste du Sri Lanka, alors que le président de la République Emmanuel Macron se rend au Sri Lanka à son retour de Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans la nuit de vendredi à samedi, heure de Paris. Cette visite historique, la première d'un président français au Sri Lanka, est l'occasion d'approfondir les relations bilatérales et d'évoquer les défis régionaux et internationaux des deux pays.
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Cette visite du président français converge avec celle du "ministre des Affaires étrangères japonais", remarque Éric Paul Meyer. Il s'agit pour Emmanuel Macron de "contrer la Chine" qui construit "dans le sud de l'île, un port de porte-conteneurs qui a un potentiel militaire évident".
franceinfo : Pourquoi Emmanuel Macron fait-il cette visite au Sri Lanka ?
Éric Paul Meyer : La visite s'impose à partir du moment où l'on s'intéresse à la stratégie de la zone indo-pacifique. Le Sri Lanka est vraiment sur la route maritime la plus importante pour les Chinois, mais aussi pour les Occidentaux. Les navires qui circulent entre l'Extrême-Orient et le canal de Suez, ou même l'Afrique du Sud, sont obligés de passer au large, très proche des côtes du Sri Lanka.
En outre, le Sri Lanka est tout proche de l'Inde. Et là, il y a un autre axe stratégique majeur, qui est un axe Nord-Sud, et dans lequel l'Inde a un rôle essentiel à jouer. Donc, le Sri Lanka est au croisement des intérêts de deux grandes puissances. La France en tant que telle, et l'Europe plus généralement, ont tout intérêt à être attentifs à ce qui se passe dans l'île.
Comment expliquer qu'aucun président français, avant Emmanuel Macron, ne s'y soit rendu officiellement ?
C'est difficile à expliquer. Je pense que le Sri Lanka était considéré comme un pays mineur, alors qu'il est en fait un pays assez peuplé, qui a une grande histoire. On pensait qu'il suffisait d'aller visiter l'Inde pour s'occuper des affaires du Sri Lanka.
Est-ce que l'on peut y voir un nouvel espace diplomatique, un pari sur l'avenir ?
Peut-être. Ceci dit, quelle est la puissance de la France, en l'occurrence, dans l'indo-pacifique par rapport à la puissance chinoise ? Il est évident qu'il y a une disproportion. Mais le fait par exemple que le ministre des Affaires étrangères japonais visite le Sri Lanka exactement en même temps que le président Macron est le signe que, finalement, il y a une convergence des intérêts de tous ceux qui s'inquiètent de la montée de la puissance chinoise.
Est-ce que cette visite est une façon pour la France de tenter de contrer la Chine et l'Inde ?
Plutôt contrer la Chine que l'Inde, dans la mesure où l'Inde n'a pas actuellement une influence décisive au Sri Lanka. Les intérêts français et les intérêts indiens semblent converger. Mais la question est en fait la question de la puissance chinoise et de l'installation chinoise, y compris d'installation militaire qui risque de se profiler dans le port que les Chinois construisent dans le sud de l'île à Hambantota, qui est port de porte-conteneurs, mais qui a en fait un potentiel militaire évident.
Source: franceinfo