Christophe Béchu se dit " très déçu " après ce nouvel échec du G20 sur le climat et la baisse des émissions
R.SATISH BABU / AFP R.SATISH BABU / AFP
CLIMAT - Deuxième échec de suite pour le climat. Les ministres de l’Environnement du G20 ont échoué ce vendredi 28 juillet à trouver un accord sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour faire face au changement climatique, une semaine après l’échec sur les énergies fossiles.
« Nous n’avons pas pu atteindre un accord sur un plafonnement des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 », a déclaré à l’AFP le ministre français de la Transition écologique Christophe Béchu, avant d’ajouter : « Je suis très déçu ».
Les discussions avec la Chine, l’Arabie saoudite, et la Russie ont été « compliquées », a-t-il précisé. Problèmes : membres du G20 représentent à eux seuls plus de 80 % des émissions de CO2 sur la planète. Réunis à Madras, en Inde, ils devaient résoudre plusieurs dossiers cruciaux comme le financement de l’adaptation au changement climatique, la préservation de la biodiversité et la régulation des activités économiques maritimes.
Et surtout celui visant au plafonnement des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025, pour lequel le ministre français a annoncé en fin de journée un échec. Mais dans les couloirs, on ne s’attendait guère à d’importants résultats sur les autres dossiers non plus.
Décalage entre les discours et les décisions
Il était pourtant prévu à l’origine que cette rencontre des ministres de l’Environnement du Groupe des Vingt (les dix-neuf économies les plus développées et l’Union européenne) aboutisse à des accords qui seraient ensuite signés par les dirigeants au cours d’un sommet en septembre à New Delhi.
« Les moyens de subsistance des gens sont en train d’être détruits », a mis en garde mercredi auprès de l’AFP le commissaire européen à l’Environnement Virginijus Sinkevicius, appelant à assurer la résilience des populations menacées par le changement climatique.
Tous ceux présents à Madras ce vendredi « comprennent la gravité de la crise » à laquelle le monde doit faire face, a déclaré vendredi à l’AFP, en marge de la conférence, Adnan Amin, qui mène cette année les discussions sur le climat, la COP28. « Mais je crois qu’on n’a toujours pas atteint une bonne compréhension politique » de la situation, et notamment la volonté de passer par-dessus « les intérêts nationaux immédiats ».
« Étant donné l’échelle des trois crises globales, le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution, il n’y a vraiment pas de temps à perdre », avait aussi mis en garde jeudi Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada.
Des négociations qui avancent au ralenti, au profit du pétrole
Pourquoi les décisions ne suivent-elles pas les discours ? Car les ministres de l’environnement n’arrivent pas à se mettre d’accord. La semaine dernière, les ministres de l’Énergie du G20 n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur un calendrier de réduction du recours aux énergies fossiles. Un signe de victoire des gros producteurs pétroliers opposant une résistance à une transition énergétique rapide.
Parmi les participants au sommet de Madras figure notamment Sultan Al Jaber, le PDG de la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis Adnoc, qui présidera aussi les négociations de la COP28. Sultan Al Jaber est critiqué pour conflit d’intérêts, les combustibles fossiles étant la principale cause du réchauffement climatique. Il a également pointé du doigt pour tentative de greenwashing de son image.
Certains blâment ouvertement les gros producteurs de pétrole, comme l’Arabie saoudite ou la Russie, pour le manque de progrès des discussions. « Les négociations ne vont pas vite, je ne vais pas le dissimuler », a reconnu Virginijus Sinkevicius, soulignant que les années ont passé depuis l’accord de Paris sur le climat de 2015 et qu’il « est temps de l’appliquer ».
Une réflexion qui pèse d’autant plus lourd à l’heure où de violents incendies ravagent le pourtour méditerranéen. Ces évènements dévastateurs sont directement liés au changement climatique ont rappelé les scientifiques membres du GIEC, dont Jean Jouzel, climatologue et ancien vice-président du GIEC.
Dans ce contexte de montée d’évènements climatiques extrêmes, les économies du G7 devront répondre à la demande de nombreux pays en développement, dont l’Inde, d’un plus important financement pour compenser l’impact du réchauffement climatique sur des secteurs comme l’agriculture et l’énergie.
Un rapport préparant la présidence de l’Inde au G20 a évalué à 4 000 milliards de dollars par an le coût de la transition énergétique et souligné l’importance d’un financement à bas coût de cette transition pour les pays en développement. Mais l’Inde et la Chine, dont le charbon est l’une des principales sources d’énergie, font actuellement partie des cinq premières économies du monde.
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Source: Le HuffPost