Sur le Charles de Gaulle, des Dauphins pour protéger les pilotes des requins

July 29, 2023
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Pensez au porte-avions Charles de Gaulle. Que vous vient-il en tête ? Naturellement, les Rafales, fleurons français de l’aéronavale. Mais dans leurs ombres, près de 1.900 marins œuvrent au quotidien pour permettre la tenue des opérations aéroportées.

Parmi ceux-ci, un détachement de 35 militaires de la flottille 35F d’Hyères (Var) veillent au quotidien sur les pilotes. Sans eux, pas de catapultage, ni d’appontage en toute sécurité. « Secourir sans faillir », telle est la devise de ces hommes et de ces femmes.

Une réactivité à toute épreuve

Sur le Charles de Gaulle, une quarantaine d’aéronefs peuvent être mobilisés pour une opération. Et parmi ceux-ci, on compte deux hélicoptères Dauphins. Ces derniers sont surnommés Pedro depuis la guerre de Corée, lorsqu’un pilote d’hélicoptère américain, du nom de Pedro, a réalisé la première mission de sauvetage sur un crash d’avion embarqué. « Lors des phases de catapultage et d’appontage, en cas de problème, nous avons directement le visuel sur l’avion, nous attendons que le pilote finisse à l’eau et nous allons le chercher », nous résume le second maître Romain, équiper en charge de la gestion d’un treuil embarqué long de 90 mètres, qui permet d’hélitreuiller les pilotes éjectés.

Positionnés en attente à une centaine de mètres à bâbord du porte-avions, ces militaires n’ont que quelques minutes pour intervenir en cas de problème. « Il faut être très très rapide. Quand un pilote s’éjecte, il prend énormément de G [environ 18 G, ndlr], ce qui peut le rendre inconscient. Et un homme inconscient dans l’eau ne fera pas long feu », explique le marin.

Un surnom datant de la guerre de Corée

Accompagné par deux pilotes, Romain a pour mission d’équiper et d’hélitreuiller un nageur-sauveteur. Ce dernier doit harnacher le pilote en perdition et le remonter. Une manœuvre qui demande une grande dextérité aux pilotes, qui doivent positionner en stationnaire leur appareil pesant 2,8 tonnes à vide, à une altitude comprise entre 50 et 80 pieds, soit 15 et 25 mètres.

Dans certaines situations, en fonction des risques et de la météo, l’hélicoptère reste sur le pont. C’est la « phase d’alerte » au sol. La décision d’opter pour une veille en l’air ou sur le pont revient au commandant du porte-avions. En cas d’éjection, l’équipage au sol doit secourir le pilote en moins de dix minutes.

Des interventions rarissimes

Le 14-Juillet, un équipage de la mission Pedro a survolé Paris et l’Avenue des Champs-Élysées (voir vidéo ci-dessous). « Une fierté » pour le second maître Romain, qui défilait ce jour-là pour la première fois.

Ces militaires volant sur Dauphin n’ont pas comme unique mission de veiller sur les pilotes de la Marine nationale. Ils peuvent être déployés depuis la terre, depuis les bases de secours du Touquet, de Cherbourg-Maupertus, de Lanvéoc-Poulmic, de La Rochelle-Laleu, d’Hyères et même de Tahititi pour des missions de service public (SP). Durant celles-ci, les équipages viennent en secours à des personnes tombées à l’eau ou à des bateaux en perdition. Rien qu’à la base du Touquet, en 2022, le Dauphin a réalisé 85 opérations (secours, renseignement, police des pêches) et a permis le sauvetage de 16 personnes, rapportent nos confrères des Echos du Touquet.

Sur le porte-avions, le nombre de sauvetages sur pilotes éjectés est de zéro depuis plusieurs années. « Depuis que nous sommes passés au tout Rafale [en 2016] il n’y a pas eu d’éjection de mémoire, raconte le second maître Romain, ces situations sont très rares avec le Rafale, du fait qu’il soit un bimoteur. En cas de panne, il est capable de poursuivre son décollage avec un seul moteur. Alors qu’avant, le Super étendard modernisé était monomoteur, donc en cas de panne, forcément, il finissait à l’eau. »

Source: 20 Minutes