Les dernières impressions du ticket de caisse
Bisphénol A CHRISTIAN BELLAVIA/DIVERGENCE
Une mesure antigaspillage
La loi devait entrer en vigueur le 1er janvier, mais avait été repoussée au 1er avril à cause de l’inflation, avant d’être à nouveau ajournée. Cette fois-ci, c’est la bonne, la fin de l’impression automatique des tickets de caisse papier prendra effet le 1er août. Désormais, le client devra expressément demander un ticket, imprimé ou dématérialisé. Cette mesure phare de la loi antigaspillage pour une économie circulaire, adoptée en janvier 2020, vise à lutter contre le gaspillage des 30 milliards de tickets imprimés chaque année, soit plus de 10 000 rouleaux de papier par hypermarché, l’équivalent d’un Paris-Montpellier (750 kilomètres).
Autre raison avancée, des préoccupations de santé publique, malgré une interdiction promulguée en 2015. Selon une étude menée par des chercheurs de l’université de Grenade en 2019 portant sur une centaine de tickets de caisse collectés au Brésil, en Espagne et en France, la moitié des tickets français contiennent du bisphénol A, un perturbateur endocrinien pouvant entraîner infertilité, malformations génito-urinaires, obésité et cancers…
Une dématérialisation paradoxale
La législation opère un premier pas vers la généralisation des tickets dématérialisés. Les clients pourront obtenir un ticket par e-mail, SMS, QR code ou directement dans leur application bancaire. Dès 2021, plusieurs chaînes de supermarché ont franchi le pas, comme les groupes Système U et Carrefour. Pourtant, selon le collectif d’experts spécialistes de la sobriété énergétique Green IT, un seul ticket dématérialisé réduirait de 2 centilitres seulement la consommation d’eau par rapport au ticket papier, mais rejetterait 2 grammes de CO 2 en plus. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, 2,5 % de l’empreinte carbone en France étaient liés au numérique en 2020 – contre 2 % aux déchets.
Un objet de contrôle des prix
Depuis la création de la caisse enregistreuse par l’Américain James Ritty en 1879, puis celle de la National Cash Register en 1885, l’impression d’un ticket de caisse – pour le commerçant, puis pour le client – est devenue un enjeu important de la transparence sur la chaîne des prix. « L’affichage des prix et les tickets de caisse permettent d’enrôler le consommateur dans le contrôle des prix », relève Franck Cochoy, sociologue à l’université de Toulouse. Le consommateur peut ainsi suivre ses achats et se prémunir d’éventuelles erreurs.
En avril 2022, plusieurs associations de consommateurs soulignaient que « le ticket de caisse constitue un outil de gestion du budget familial » et s’inquiétaient que le consommateur soit demain incapable de prouver ses achats. La loi prévoit néanmoins que les tickets relatifs à l’achat de biens dits « durables », où sont mentionnées l’existence et la durée de la garantie légale de conformité, seront automatiquement imprimés.
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Source: Le Monde