Dans le sud de l'Indre, après avoir été déserté un ancien village ouvrier d'EDF se repeuple

July 29, 2023
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Une dizaine de maisons aux toits rouges, reparties dans une zone escarpée. En contrebas, le gigantesque barrage hydroélectrique du lac d'Éguzon. Voilà à quoi ressemble aujourd'hui le village ouvrier de "Maison rouge", aussi appelé "cité EDF", rattaché à la commune de Cuzion. Des centaines de personnes y ont vécu à une époque. Au départ, dans les années 1920, des salariés d'EDF mobilisés pour construire le barrage en contrebas, puis des salariés des postes de production d'électricité d'EDF et de RTE. Ce patrimoine ouvrier a été laissé à l'abandon au fil des années, au fur et à mesure des départs de ces salariés. Il retrouve aujourd'hui une seconde vie, après avoir été racheté par un chef d'entreprise local. Une fête était organisée ce samedi 29 juillet pour faire découvrir ce bout de patrimoine ouvrier.

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Un village bien connu dans la région

Parmi les personnes présentes ce samedi pour fêter la seconde vie des "Maisons rouges", beaucoup se rappellent de l'activité impressionnante qu'il y avait dans ce village à l'époque. L'ancien maire de Cuzion (qui ne l'était pas encore à l'époque), Guy Bernard, se remémore ainsi qu'il y avait en hauteur un cinéma, un restaurant, et en contrebas, la maison de son oncle : "Mon oncle a habité cette maison là pendant 15-20 ans, vu qu'il travaillait au barrage. Je me souviens bien de la crue de 1960, la crue millénaire, mon oncle était sur le barrage, en train de tourner avec ses bras pour ouvrir les vannes". Preuve de l'activité que représentait EDF à cette époque dans le village : il y avait une ligne de car spéciale reliée à Argenton réservée aux agents de l'entreprise, se souvient également Guy Bernard.

Gérard et Pascale, eux, ont habité les Maisons rouges. Ils ont vécu ici pendant 7 ans, un de leurs enfants est né dans la "cité EDF". Depuis leur maison a été rasée, comme d'autres. Mais ils se réjouissent de voir revivre ce lieu où ils ont vécu beaucoup de beaux moments, avec une vraie convivialité entre voisins. "On se connaissait tous" confirme Gérard. "Toutes les maisons étaient vides, et là de revoir ça comme ça, ça fait plaisir. Je n'aurai jamais imaginé un jour que toutes les maisons revivraient" commente Pascale.

On peut apercevoir depuis le village le lac d'Éguzon en contrebas © Radio France - Manon Klein

Un projet de réhabilitation sur le long cours

Il est vrai que pendant plusieurs années, la "cité EDF" est restée un peu à l'abandon. "Avec les différentes réorganisations, l'automatisation [au sein d'EDF], il y a eu beaucoup moins de monde. Donc tout ça était quasiment à l'abandon, jusqu'à il y a environ sept ou huit ans, quand EDF a décidé de vendre cette cité" détaille le maire actuel de Cuzion, André Guilbaud. L'entreprise avait proposé à la mairie de racheter l'ensemble; après avoir tergiversé, la commune n'a pas donné suite.

C'est un chef d'entreprise local, Fabrice Priant, PDG d'une entreprise de BTP et d'espaces verts, qui a racheté la cité. Pour cela il a créé une SCI avec son frère. Il ne souhaitait pas laisser les Maisons rouges à l'abandon; il faut dire que ce lieu a pour lui une valeur particulière : "Depuis 30 ans je vis à proximité de ce village, j'ai eu beaucoup d'amis (...) mes enfants ont aussi été élevés avec les enfants des agents d'EDF, donc il y a cet aspect un peu convivial, qui a beaucoup marqué notre famille. Et aussi professionnellement (...) quand j'ai commencé l'activité il y a quelques années, notre premier chantier EDF était sur ce village".

L'entrée du village des "Maisons rouges" © Radio France - Manon Klein

Fabrice Priant et son frère ont entrepris de rénover les habitations restantes (isolation et chauffage notamment). Huit d'entre elles sont aujourd'hui à nouveau habitées, par des familles notamment. Parmi les habitants, on retrouve plusieurs salariés de l'entreprise Priant qui se trouve à proximité. Une manière de perpétuer en quelque sorte la tradition de ce village ouvrier. Les travaux de réhabilitation ne sont pas encore finis; Fabrice Priant envisage notamment de travailler sur les espaces verts.

Source: France Bleu