L'US Marine Corps dispose désormais d'une capacité de frappe anti-navire à longue portée sans précédent
En mars 2020, l’US Marine Corps dévoila le plan stratégique « Force Design 2030 » afin de répondre aux défis posés par la Chine [et, dans une moindre mesure, la Russie], en particulier dans la région Indo-Pacifique. Pour en faire un résumé sommaire, il était ainsi question de revenir aux fondamentaux qui firent sa réputation [en particulier lors de la Seconde Guerre Mondiale] et de ne plus se focaliser sur les opérations de contre-insurrection et les interventions ponctuelles, comme ce fut le cas au cours des trente ou quarante dernières annnées. Et le tout en misant sur des innovations technologiques clés… et en renonçant à certaines capacités « historiques » car jugées inadaptées, comme les chars de combat.
Il s’agit de « se concentrer sur la guerre maritime, en refusant l’utilisation des mers à l’adversaire et en garantissant la liberté d’action des forces américaines », avait expliqué le général David Berger, alors commandant de l’USMC à l’époque.
Le plan « Force Design 2030 » met l’accent sur le concept EABO [Expeditionnary Advance Base Operations], lequel prévoit de doter l’USMC d’une capacité anti-navire depuis la terre « dans le cadre d’une campagne de guerre navale antisurface intégrée », afin d’interdire à l’adversaire l’accès de zones maritimes stratégiques. Mais pas seulement puisqu’il vise aussi à développer des capacités en matière de frappe à longue portée.
Depuis, l’USMC a lancé le programme NMESIS [Navy and Marine Corps Expeditionary Ship Interdiction System]. S’appuyant sur des technologies éprouvées [et donc rapidement disponible], celui-ci vise à déployer une capacité anti-navire reposant sur le missile NSM [Naval Strike Missile].
Ainsi, deux de ces engins, d’une portée d’au moins 200 km, sont lancés depuis le ROGUE-Fires, un véhicule terrestre sans pilote [UGV] qui, développé par Oskosh à partir du blindé léger tactique JLTV [Joint Light Tactical Vehicle], intègre un système de contrôle opéré à distance. Cette capacité a fait l’objet d’une démonstration réussie dans le cadre de manoeuvres organisées par l’US Navy en août 2021 [Large Scale Exercice 2021]
Quant à la capacité de frappe à longue distance, elle repose sur le système d’artillerie M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System] ainsi que sur le projet LMSL [Long-Range Missile]. Celui-ci est en réalité une extension du NMESIS puisqu’il consiste à installer un système de lancement vertical Mk.41 sur un véhicule ROGUE-Fires afin de tirer des missiles de croisière Tomahawk Block V ainsi que des « Maritime Strike Tomahawk » [1600 km de portée, ndlr]. Ces derniers sont capables de détecter, suivre et se diriger vers les navires ennemis grâce à leurs émissions électromagnétiques.
Or, le 21 juillet dernier, l’USMC a annoncé que le 11th Marine Regiment venait de mettre sur pied une première batterie de missiles à longue portée dotée de 16 lanceurs de missiles Tomahawk Block 5 [pour le moment].
« J’imagine que quelqu’un d’ assez haut placé a dit : ‘Nous avons vu ce que les Marines peuvent faire avec des fusils, voyons ce que les Marines peuvent faire avec des Tomahawk' », a commenté le colonel Patrick Eldridge, le chef de corps, du 11th Marine Regiment, dont la batterie « Alpha » est donc désormais chargée « d’affiner les tactiques, les techniques et les procédures pour utiliser ce système de tir à longue portée à l’appui » de la 1ère division de Marines et de la 1st Marine Expeditionnary Force [MEF].
Source: Zone Militaire