De “Sils Maria” à “Babylon Berlin” : Lars Eidinger, la folie lui va si bien

July 31, 2023
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L’acteur allemand a souvent exploré le registre de la folie. Au théâtre, dans les pièces d’Ostermeier, ou à l’écran, comme dans la série “Babylon Berlin”. Toujours avec brio.

Par Émilie Gavoille Partage

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Longtemps, le nom et la carrière de Lars Eidinger ont été indissociables de ceux de Thomas Ostermeier, véritable pape du théâtre outre-Rhin, qui en a fait son acteur fétiche au sein de la Schaubühne, célèbre troupe berlinoise. Avant de composer un Hamlet d’anthologie (2008) et d’exploser, phénoménal, dans le rôle-titre de Richard III (2015), le comédien à l’imposante stature a dû s’armer de patience, et déployer bien des efforts pour convaincre le metteur en scène, pas du tout sûr, au départ, de vouloir travailler avec lui. « À l’audition, je l’avais trouvé très ennuyeux. Mais on l’a pris quand même, car il était… bizarre », déclarait Thomas Ostermeier, en 2017, à Télérama. Depuis, le grand bizarre a fait du chemin, et s’est taillé une belle carrière sur petit et grand écran.

“Alle Anderen”, 2009

Dans le deuxième film de Maren Ade (Toni Erdmann), l’acteur est Chris, un architecte en galère, qui passe ses vacances d’été dans la maison de ses parents en Sardaigne, en compagnie de sa petite amie Gitti. Au contact d’un autre couple d’Allemands croisé par hasard au supermarché, leur relation amoureuse se fissure peu à peu. Ours d’argent à Berlin, le film offre à Lars Eidinger l’occasion d’incarner un homme qui doute. Et de dévoiler des nuances de fragilité, que les rôles de rois fous qu’il a joués au théâtre lui ont rarement permis de montrer.

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Olivier Assayas s’amuse à confier au disciple de Thomas Ostermeier le soin d’incarner un metteur en scène en vogue, Klaus Diesterweg, prêt à tout pour convaincre une actrice endeuillée par la mort de son mentor d’accepter de reprendre, dans une nouvelle version et sous sa direction, la pièce grâce à laquelle le défunt l’avait révélée. Jeux de miroir et mises en abyme. Depuis, le Berlinois tient régulièrement des seconds rôles dans les projets du Parisien, de Personal Shopper à la série Irma Vep.

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Héritier d’une grande dynastie d’industriels aux amitiés sulfureuses, Alfred Nyssen entend — la série se déroule dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres — mettre la fortune familiale au service d’expérimentations technologiques et militaires… Et Lars Eidinger de renouer, nerfs à vif, cheveux peroxydés et tache de vin sur le visage, avec la folie. Franchement, ça lui va bien.

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Alice Winocour a dû se dire qu’un grand gaillard comme ça devait bien tenir la gravité — l’ancrage terrestre aussi bien que la dignité dans les moments importants. Elle ne s’est pas trompée. Dans ce grand film spatial qui ne quitte jamais le plancher des vaches, le comédien joue les pères terre-à-terre tandis que la mère de sa fille, astronaute de son état, s’apprête à aller tutoyer les étoiles. Une prestation tout en douceur qui a sans doute désarçonné ceux qui avaient pris l’habitude de voir Lars Eidinger débouler à poil sur scène ou discuter avec les spectateurs au beau milieu d’une représentation.

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Source: Télérama.fr