Guerre en Ukraine : Qui est Christelle Néant, cette Française qui a été reçue par Vladimir Poutine ?

August 01, 2023
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Elle rougit sous les compliments de Vladimir Poutine. Ce 19 juillet, Christelle Néant vient exposer au président russe son idée : créer une « agence de presse » qui réunirait des « “journalistes” américains, canadiens ou encore européens afin de contrer la « propagande occidentale » au sujet de la Russie et du conflit ukrainien. Ou de « l’opération militaire spéciale », comme l’écrit la Française sur son site Donbass Insider, en reprenant les termes du Kremlin. Installée depuis 2016 dans le Donbass, Christelle Néant se fait le relais de Moscou sur ce site. Tirant le bilan de la première année de conflit à grande échelle en Ukraine, la blogueuse accusait ainsi les médias occidentaux de « se vautrer » dans « la russophobie la plus crasse ». Dans son bureau, est d’ailleurs affiché un drapeau russe, mais pas de drapeau français.

Comment cette ancienne webmastrice, qui a un temps travaillé pour une revue économique au Luxembourg, s’est-elle retrouvée dans le Donbass, au milieu d’une zone de guerre ? « J’ai eu une démarche survivaliste qui m’a amenée à m’intéresser à tout ce qui est médias alternatifs, expliquait-elle en 2016. Lorsqu’il y a eu l’attaque chimique de la Ghouta, en Syrie, j’ai comparé ce que les médias russes et les médias occidentaux disaient de cette attaque. J’ai trouvé les médias russes moins hystériques, plus fiables. J’ai attendu de voir les résultats de l’enquête, et quand j’ai vu qu’ils donnaient raison aux médias russes, je me suis dit ok, ils sont vraiment plus fiables. » Ce n’est pourtant pas ce qu’a conclu l’enquête menée par l’ONU sur ces deux attaques commises le 21 août 2013 sur cette banlieue rebelle de Damas. Les médias russes ont pointé du doigt la responsabilité des rebelles, une accusation qui ne tient pas, comme l’a démontré le site d’investigation Bellingcat.

Une république fantoche

Egalement attirée par la permaculture, la diplômée de géologie déclare s’être intéressée à l’Ukraine au moment de la révolution de Maïdan, en 2014. Elle fait alors de la « réinformation » – un terme utilisé par l’extrême-droite –, en partageant des contenus pro-russes et dit suivre les publications de Graham Phillips ou Patrick Lancaster. Bien que Christelle Néant qualifie ces deux hommes de « journalistes indépendants », ceux-ci relayent du contenu pro-Kremlin. Graham Phillips a ainsi travaillé pour la chaîne Russia Today.

Christelle Néant décide ensuite de partir dans le Donbass, région de l’est de l’Ukraine, où, depuis 2014, un conflit oppose séparatistes pro-russes et loyalistes ukrainiens. Fruits de ce conflit, deux républiques fantoches, la république populaire de Donetsk et la république populaire de Lougansk. Dans une vidéo datée de 2016, Christelle Néant s’affiche avec un drapeau de la première république. A son arrivée, elle rejoint Doni, qui se présente comme une agence de presse internationale, mais qui est une agence de communication, rappelle Arrêt sur images. Elle y filtre les journalistes qui veulent se rendre sur le territoire.

Quelques mois à peine après son arrivée, elle reçoit un passeport de la république de Donetsk, et, l’année suivante, Sputnik, site pro-Kremlin, lui consacre un portrait élogieux. En 2018, elle devient observatrice d’élections à Donestk, un scrutin jugé illégal par la communauté internationale. Trois ans plus tard, elle s’affiche, toujours en treillis, aux côtés d’officiels pour la journée des anciens combattants. Des activités qui valent à la quadragénaire de figurer sur une liste de sanctions ukrainiennes. Un geste qui ne la fait pas reculer : celle qui a la nationalité russe depuis 2021 a voté il y a quelques jours pour l’intégration de Donetsk à la Fédération de Russie.

Une nationalité russe sur laquelle elle va devoir s’appuyer à l’avenir : son passeport français a expiré et Christelle Néant craint des sanctions lors d’un éventuel retour, a-t-elle expliqué à Russia Today. En 2016, à son arrivée dans le Donbass, elle voyait déjà un voyage sans retour : « J’ai vraiment largué les amarres vis-à-vis de l’Europe ». Dans tous les sens du terme.

Source: 20 Minutes