En Afrique du Sud, l’opposition se déchire autour de " Tuez le Boer ", un chant hérité de la lutte contre l’apartheid

August 01, 2023
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Julius Malema, le leader des Combattants pour la liberté économique, lors du rassemblement célébrant les 10 ans du parti, au stade de Soweto,juillet 2023. GUILLEM SARTORIO / AFP

Le premier parti d’opposition sud-africain a accusé, lundi 31 juillet, son principal rival de la gauche radicale d’avoir incité à la haine en entonnant un célèbre chant controversé de la lutte anti-apartheid. Lors d’un rassemblement samedi, Julius Malema, leader des Combattants pour la liberté économique (EFF), a chanté « Tuez le Boer » devant quelque 90 000 partisans en liesse dans un stade bondé de Soweto. Les Boers sont les descendants des premiers colons néerlandais.

« Voici un homme déterminé à déclencher une guerre civile », a accusé John Steenhuisen, chef de file de l’Alliance démocratique (DA), un parti d’inspiration libérale. Il a décrit M. Malema – « Juju », comme l’appellent les Sud-Africains – comme un « tyran assoiffé de sang », déterminé à inciter au « meurtre de masse ». Les EFF, interrogés par l’AFP, n’ont pas commenté dans l’immédiat. La DA envisage de porter plainte contre le charismatique et volontiers provocateur Julius Malema, 42 ans.

Coiffé de son inusable béret rouge, ce dernier a levé le poing un long moment sur une scène surélevée, samedi, dans un tourbillon de confettis rouge et or. Ce grand show, destiné à fêter les 10 ans de son mouvement, a aussi pris la forme d’une démonstration de force à moins d’un an d’élections cruciales où le Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, pourrait pour la première fois perdre sa majorité parlementaire et donc la présidence.

Cette dernière brouille intervient alors que les partis d’opposition recherchent activement des stratégies d’alliances pour déloger l’ANC en 2024. M. Malema s’était récemment dit prêt à rejoindre une coalition avec la DA, qui est à la tête d’un groupe de six petits partis. Mais M. Steenhuisen l’a exclu la semaine dernière devant l’AFP, estimant que les EFF ne partagent pas les « valeurs et principes » de la coalition. Toute perspective de rapprochement, en tout cas au niveau national, semblait écartée lundi, M. Steenhuisen ayant également décrit les EFF comme « l’ennemi politique numéro un ».

La DA, encore largement perçue comme un parti blanc, pourrait remporter 16 % des voix selon un récent sondage, contre 13 % pour les EFF, qui prônent notamment une réforme agraire favorable aux Sud-Africains noirs.

Source: Le Monde