"Médine invité des journées d’été des Verts : la énième compromission d’une certaine gauche avec l’islamisme"

August 02, 2023
419 views

FIGAROVOX/TRIBUNE - La secrétaire nationale d'EELV a annoncé que le rappeur Médine participerait aux journées d'été du parti, le 24 août. La porte-parole du Printemps républicain et ex-DRH de Charlie Hebdo Marika Bret critique ce choix, au vu des prises de position du chanteur.

Marika Bret a été directrice des ressources humaines de Charlie Hebdo. Porte-parole du Printemps républicain, elle a coécrit Qui veut tuer la laïcité? (éd. Eyrolles, 2020).

«Médine sera aux journées d'été des écologistes au Havre . Ensemble on se livrera à une petite «explication de texte». #Suspens.» Cette annonce faite sur les réseaux en fin d'après-midi, ce lundi 31 juillet, est signée par Marine Tondelier, secrétaire nationale d'Europe Écologie Les Verts. Qui a ensuite livré une confidence: «avec Médine, nous avons beaucoup de combats communs». Alors, Médine, «rappeur engagé»? Oui, indéniablement.

À lire aussiMédine et Gims, ou le retour de l'obscurantisme

Rappel de faits et propos tenus: «crucifions les laïcards à Golgotha», «j'me suffit d'Allah, pas besoin qu'on me laïcise», «j'mets des fatwas sur la tête des cons», «Dalil Boubakeur, collabeur», «le polygame vaut mieux que l'ami Strauss-Kahn», «j'entends d'ici s'insurger les pseudos féministes, toutes ces bourgeoises hystériques pleines de fumisteries», «un bon mariage vaut mieux qu'un marivaudage(…), préserve ta virginité». Son avis critique sur le concept de l'intégration: «Assimiler c'est quoi? C'est abandonner son appartenance ethnique, sociale et religieuse (...),que tu sois plus un noir, que tu n'aies plus les cheveux crépus, que tu sois un musulman light (...) qui fasse un peu tarlouze».

Des photos en pose quenelle (signe de ralliement antisémite popularisé par Dieudonné), selfie avec Houria Bouteldja, ex-porte-parole du Parti des Indigènes de la République et auteur de Les blancs, les juifs et nous (La Fabrique éditions, 2016) ou bien avec l'imam Iquioussen prêcheur aux propos antisémites, homophobes et sexistes légendée par l'association le Havre du Savoir: «que Dieu vous bénisse». À propos de cette association qui a publié sur son site des textes du Cheik Youssef Al-Qaradawi, leader spirituel des Frères musulmans, théologien notoirement connu pour son antisémitisme, Médine a souvent nié, notamment auprès de Checknews, «n'avoir jamais été ambassadeur, ni même adhérent».

cet échange n'est-il pas tout simplement organisé pour mettre en lumière une même vision politique: la « stigmatisation DES musulmans », « LA France raciste et islamophobe » et dans l'actualité, « LA police tue »? Marika Bret

Sauf qu'une vidéo retrouvée montre l'artiste affirmant fièrement son appartenance et promettant de «toujours placer un mot pour le faire savoir». Certitude également, une invitation faite par Havre de Savoir, accepté par Médine pour donner une conférence avec Hani Ramadan (défenseur de la lapidation des hommes et femmes adultères, interdit de séjour en France depuis avril 2017) et son frère Tariq qui avait défini ainsi sa relation avec l'artiste: «Très très proche qui suit mes engagements et avec lequel on a beaucoup discuté».

Autre lien de Médine qui interpelle: Kémi Séba, suprémaciste noir, condamné pour antisémitisme (décidément), provocation à la haine raciale et négationnisme. En 2014, Médine s'était rendu à une réunion au théâtre de la Main d'or organisée par Kémi Séba et cette présence avait été longuement ovationnée. Ça valait bien un retour d'ascenseur, un an plus tard, avec l'affichage promotionnel du livre du repris de justice dans le clip «Don't laïk». En 2018, la programmation de deux concerts au Bataclan avait été annulée suite aux réactions indignées que cette annonce avait provoquées. Le rappeur avait alors accusé l'extrême droite d'avoir voulu limiter sa liberté d'expression.

En oubliant un peu vite l'avis de certaines familles de victimes de l'attentat islamiste du 13 novembre, de Maître Samia Maktouf, une des avocates des parties civiles, d'élus de la République en Marche ou bien encore d'Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste qui avait, à l'époque, qualifié les paroles de la chanson «Don't laïk», comme «un texte plus qu'insupportable pour la République laïque» et avait interpellé l'artiste: «peut-être que lui-même devrait se poser la question de savoir si sa présence dans ce lieu devenu hautement symbolique ne justifierait pas une prise de distance».

Marine Tondelier n'ignore évidemment pas les faits, propos et gestes, de cet invité quand elle propose une causerie pour analyser les paroles des chansons. Mais pour décrypter quoi exactement? Ce que l'on sait mais pas vraiment, enfin si, mais il faut comprendre... Posons clairement la question: la logorrhée haineuse d'un rappeur, à longueur de mots, d'attitudes, de copinages, est-elle entendable, admissible, supportable?

On se dit que faire admettre à Sandrine Rousseau (qui, pour une fois, n'a pas réagi...) que Médine est écoféministe, ça risque d'être un peu compliqué. Alors, au fond, cet échange n'est-il pas tout simplement organisé pour mettre en lumière une même vision politique: la «stigmatisation DES musulmans», «LA France raciste et islamophobe» et dans l'actualité, «LA police tue»?

La gauche ne manque jamais, avec un poil de condescendance, de placer sur un piédestal avec totem d'immunité, « issu d'un quartier populaire, emblème de diversité », pour tout excuser voire légitimer. Marika Bret

Auquel cas, en conviant Médine, Marine Tondelier ne s'est pas trompée. Parce qu'Europe Écologie-Les Verts, parti qui se voyait leader de la gauche jusqu'à ce que l'électorat en décide autrement, (et Jean-Luc Mélenchon aussi), brille par des slogans binaires «les oppresseurs, les opprimés», «les riches, les pauvres», «les purs, les maléfiques», «les racisés, les non-racisés», «les sorcières, les ingénieurs», «la jeunesse, les boomers», etc, mais se prend à peu près systématiquement les pieds dans le tapis quand il s'agit de laïcité, d'égalité femmes-hommes, ou bien encore de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.

Voilement des femmes (un embellissement), port du burkini dans les piscines de Grenoble, proposition d'attribution de subvention cultuelle, (2,5 millions d’euros pour Milli Gorus, dynamique association pro-Erdogan qui prône un islam rigoriste et qui, face au tollé, a retiré sa demande).

Et aussi soutien à l'imam de la mosquée de Saint-Chamond, menacé de non-renouvellement de titre de séjour après son prêche, relai d'un verset du Coran: «Femmes musulmanes, tâchez d'obéir aux droits d'Allah et à ceux de vos époux, restez dans vos foyers et ne vous exhibez pas de la manière des femmes d'avant l'islam» sans oublier la mise au pilori de Julien Bayou sur la base de soupçon de «comportements de nature à briser la santé morale des femmes».

À lire aussiAlain Finkielkraut: «La France insoumise, c’est le nom que se donne la France soumise à l’islamisme»

La liste des torsions, compromissions et complaisances, à gauche, est hélas non exhaustive. La même qui ne manque jamais, avec un poil de condescendance, de placer sur un piédestal avec totem d'immunité, «issu d'un quartier populaire, emblème de diversité», pour tout excuser voire légitimer.

N'en doutons pas, Médine et Marine Tondelier trouveront un terrain d'entente, selfie à l'appui, pour dénoncer «toustes ensemble» les oppressions «systémiques» et «postcoloniales». Et expliqueront que toutes contestations à leur égard proviennent de la fachosphère, à peine sous-entendu, fermez-la! Reste à savoir si les adhérents vont, encore une fois, et en toutes connaissances, approuver cette manière de «faire de la politique autrement»: pour le coup, promesse tenue, et avec elle autant de divisions sectaires et de lynchages médiatiques, un climat.

Source: Le Figaro