Niger : les putschistes ouest-africains resserrent les rangs face aux menaces d’intervention régionale

August 03, 2023
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Le général nigérien Salifou Mody, lors de sa visite au Mali, le 2 août 2023. PRéSIDENCE MALIENNE

Huit jours après le coup d’Etat contre le président Mohamed Bazoum, la fête de l’indépendance du Niger, jeudi 3 août, s’annonce comme l’occasion rêvée d’une démonstration de force pour les putschistes. Sous pression des pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui menacent Niamey d’une intervention militaire dans les prochains jours pour y restaurer le pouvoir légal, le général Tiani et ses hommes comptent désormais sur leurs alliés putschistes et sur la rue pour asseoir leur pouvoir.

Un « appel patriotique » lancé par le M62, un mouvement qui s’est fait connaître en 2022 en dénonçant la présence militaire française dans le pays, a exhorté les habitants de la capitale à défiler une nouvelle fois dans le cœur de Niamey, la capitale, jeudi. L’organisation avait déjà été à l’origine de la mobilisation pro-putsch de dimanche pendant laquelle des drapeaux russes avaient été brandis, des slogans antifrançais scandés et l’enceinte de l’ambassade de France dégradée. La scène avait fait monter d’un cran la tension, et contribué à ce que 992 personnes soient évacuées par Paris mercredi et jeudi.

La France, qui, par peur de débordements, a demandé « aux forces de l’ordre nigériennes de (…) s’assurer que la sécurité des emprises diplomatiques étrangères à Niamey [soit] pleinement garantie », a été une des cibles d’Abdourahamane Tiani, dans son discours prononcé à la télévision la veille de la fête nationale. Sans le citer nommément, le général a critiqué ce « pays partenaire qui menace le Niger de recourir à la force pour protéger ses citoyens » alors même qu’« ils n’ont jamais été l’objet de la moindre menace ».

« Attitude hostile » de la Cedeao

Dimanche, Emmanuel Macron avait promis de répliquer « de manière immédiate et intraitable » si les intérêts français étaient attaqués. « Les Français n’ont aucune raison objective de quitter le pays », a répliqué le général au visage rond, dont les propos étaient aussi fermes que l’air débonnaire.

Autre cible du général nigérien : « l’attitude hostile et radicale » de la Cedeao. Les pays de l’organisation régionale, qui ont prononcé des sanctions économiques très dures, « sont en train d’instrumentaliser nos institutions communautaires à des fins égoïstes et lobbyistes ». Le Nigeria, dont le président Bola Tinubu, partisan de la ligne la plus ferme contre les coups d’Etat, préside en ce moment l’instance régionale, a coupé mercredi son approvisionnement en électricité au Niger, engendrant immédiatement d’importantes pannes de courant.

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Source: Le Monde