En Grèce, l’extrême droite continue d’avancer ses pions

May 03, 2023
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Ilias Kasidiaris, fondateur du parti d’extrême droite Ellines, le 21 octobre 2020, lors de sa condamnation par la cour d’appel d’Athènes. LOUISA GOULIAMAKI / AFP

A moins de trois semaines des élections législatives en Grèce, la Cour suprême a fait barrage, mardi 2 mai, à la participation au scrutin du 21 mai du parti Ellines (« Les Grecs ») fondé par l’ancien porte-parole de la formation néonazie Aube dorée, Ilias Kasidiaris. En octobre 2020, après un procès qui a duré cinq ans, ce dernier et 67 autres dirigeants et membres d’Aube dorée avaient été condamnés pour avoir dirigé ou appartenu à « une organisation criminelle » impliquée dans l’assassinat, en 2013, d’un rappeur antifasciste, Pavlos Fyssas, et dans des tentatives d’homicides contre des pêcheurs égyptiens et des syndicalistes communistes.

Mais depuis la prison de haute sécurité de Domokos, dans le centre du pays, Ilias Kasidiaris a lancé sa campagne avec une chaîne YouTube, qu’il alimente régulièrement de vidéos virulentes. Condamné en première instance mais pas en appel – le procès se poursuit actuellement –, il conservait jusqu’à présent ses droits civiques. En février, le gouvernement conservateur a voulu y mettre un terme et a fait voter au Parlement un amendement qui n’autorise pas à un parti, si sa direction, officielle ou officieuse, a été condamnée pour des crimes graves, à participer à des élections.

Pour autant, l’extrême droite en Grèce continue de faire parler d’elle. Le 27 avril, un groupe de néonazis s’en est pris à un peintre originaire de Macédoine du Nord qui exposait à Thessalonique, dans le nord du pays. Les nationalistes grecs contestent l’accord conclu en 2018 entre Athènes et Skopje, le pays voisin qui a pris le nom de « République de Macédoine du Nord » après une longue querelle. Pour l’extrême droite grecque, la Macédoine reste la région du nord de la Grèce, d’où est originaire Alexandre le Grand, et cette dénomination ne peut être empruntée par un autre pays.

Rhétorique anti-immigrés

Pour Alexis Tsipras, leader de Syriza, principal parti d’opposition à gauche, cette polémique sur le parti d’Ilias Kasiadiaris lui a fait de la publicité et « a profité à l’extrême droite ». « Je vois une grande panique à droite en tentant d’exclure des partis comme celui de Kasidiaris. Nouvelle Démocratie [le parti conservateur du premier ministre Kyriakos Mitsotakis] veut anéantir tout ce qui est à sa droite pour avoir le monopole », estime l’ancien premier ministre. En usant d’une rhétorique anti-immigrés qui a commencé dès le début de sa campagne avec l’annonce de la prolongation du mur dans l’Evros, séparant la Grèce de la Turquie, Kyriakos Mitsotakis espère récupérer quelques voix à l’extrême droite pour obtenir la majorité absolue lors du scrutin du 21 mai. Outre la formation Ellines, deux autres petits partis d’extrême droite fondés par des anciens députés de Nouvelle Démocratie ne peuvent pas concourir aux prochaines élections, à la suite d’une décision de la Cour suprême.

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Source: Le Monde