États-Unis: le procureur Jack Smith, nouvelle cible du camp Trump

RFI
August 03, 2023
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Portrait

Ce jeudi 3 août, l’ancien président américain Donald Trump comparait devant un tribunal fédéral de Washington. Il est accusé d’avoir tenté d'inverser les résultats de l'élection présidentielle de 2020. Aux manettes de ces poursuites : Jack Smith, procureur nommé en novembre 2022. C’est déjà lui qui avait placé Donald Trump devant la justice en juin dernier dans l’affaire des documents confidentiels.

L'ancien président américain Donald Trump et le procureur Jack Smith sont vus dans une combinaison de photos d'archives à Washington, aux États-Unis, en 2023.

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Donald Trump l'a plusieurs fois traité de « cinglé », de « dérangé », notamment sur son réseau social Truth Social. Jack Smith, magistrat de 54 ans, est même menacé par certains partisans jusqu’au-boutistes.D’après le New York Times, près de deux millions de dollars ont été déboursés par les autorités les quatre premiers mois d'enquête pour le protéger lui et ses proches.

Nommé en novembre 2022 par le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, comme procureur spécial fédéral, Jack Smith devait mener l'enquête sur deux affaires mettant Donald Trump en cause. D’abord, celle des documents confidentiels de la Maison Blanche, conservés par Donald Trump après la fin de son mandat. En juin, il est devenu le premier ancien président convoqué devant une cour pénale fédérale.

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« Harcèlement » ou abnégation

La deuxième affaire est donc celle pour laquelle Jack Smith vient de demander la tenue d’un procès « sans délai », afin de juger de potentielles tentatives d’inversion des résultats de l’élection présidentielle américaine de 2020. Une action judiciaire que Donald Trump voit comme des bâtons mis dans ses roues, pour la course à la présidentielle de 2024.

L'ancien président se plaint de « harcèlement ». Jack Smith, juriste formé dans la prestigieuse université de Harvard, est réputé tenace, teigneux. Comme le rapporte l’agence Associated Press (AP), il aurait par exemple, au début de sa carrière, passé tout un week-end dans un couloir d’immeuble pour tenter de convaincre une femme de témoigner dans une affaire de violences conjugales.

Vu comme un proche d’Obama

En 2010, ce triathlète chevronné – il a couru 100 courses depuis 2002 – est nommé à la tête de l’unité d’intégrité publique du ministère de la Justice. Un service pour lequel il poursuivra démocrates comme républicains dans des affaires de corruption. Si un ancien collègue le présente comme apolitique, dans une dépêche de l’agence AP, Donald Trump cherche lui à placer Jack Smith dans la case de la gauche radicale. Son épouse, la cinéaste Katy Chevigny, est perçue comme proche du couple Obama pour avoir réalisé un documentaire sur Michelle, l’ex-Première dame.

Pourtant, l’impartialité du juriste est souvent soulignée par ses pairs. Critiqué à son arrivée au ministère de la Justice en 2010, il avait répondu à ses détracteurs : « si j'étais le genre de personne que l'on peut intimider, je ferais un autre métier ».

Après un passage comme procureur dans le Tennessee, cet homme réputé austère a œuvré pour la Cour pénale internationale à partir de 2018 sur les potentiels crimes de guerre commis au Kosovo à la fin des années 1990 par l’ex-dirigeant Hashim Thaçi. Une expérience qui a inspiré le professeur Gary J. Bass de l'université de Princeton, dans une tribune écrite pour le New York Times : « Trump a gouverné comme le font les autocrates du monde entier, il est donc particulièrement approprié qu'il soit inculpé par un procureur qui a versé dans l'enquête sur les pires tyrans et criminels du monde ».

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Source: RFI