Inflation alimentaire: les prix grimpent dans les Alpes-Maritimes et le Var, on vous explique pourquoi
Des paniers alimentaires alourdis de presque une dizaine d'euros en l'espace d'un mois et une situation qui vire au rouge pour les consommateurs des Alpes-Maritimes et du Var.
Tel est le constat dressé par Franceinfo et France Bleu qui, en association avec le cabinet NielsenIQ (1), ont élaboré un panier de courses contenant 37 produits alimentaires et d'hygiène, afin de comparer l'évolution de leurs prix mois après mois.
Dans le détail, alors que le panier moyen des Français s'établit à 108,28 euros, celui des habitants des Alpes-Maritimes se chiffre à 117,38 euros, avec une augmentation de 2,2 euros depuis mars sur les produits sélectionnés. Côté Var, le panier moyen des Varois s'élève à 114,24 euros, avec une augmentation de 2,14 euros sur les produits.
Et parmi les articles les plus impactés, dans les deux départements: le sucre (+49% dans les Alpes-Maritimes, contre +48,31% dans le Var), la farine (+25,49% contre 25,19%) et les bâtonnets de poisson pané surgelés (+25,06% contre +24.09%).
Comment expliquer de telles disparités territoriales et pourquoi la région Paca est-elle si touchée?
Pour la directrice générale du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), Sandra Hoibian, deux raisons expliquent ces différences: d'une part, le profil des consommateurs, "qui varie selon les régions".
"En Provence-Alpes-Côte d'Azur, c'est un fait, il y a beaucoup de seniors, et ceux-ci consacrent une part importante de leur budget à l'alimentation. Ils consomment notamment plus de produits frais, plus de viande, aussi, et tout cela fait qu'ils sont davantage impactés par l'inflation", avance la responsable.
D'autre part, la surface commerciale disponible entre en ligne de compte.
"Comparée à d'autres, la région Paca a finalement peu de mètres carrés de surfaces alimentaires, relève Sandra Hoibian. Les consommateurs ont donc moins de choix et, par conséquent, les enseignes sont moins enclines à se concurrencer les unes les autres. Ce qui est un facteur explicatif de la situation observée sur ce territoire."
Consultant auprès de NielsenIQ, Yannis Chemlal avance un troisième argument. Cette disparité relevant, selon le spécialiste, "de la présence plus ou moins forte de certaines enseignes, notamment des supermarchés ou commerces de proximité où les prix sont plus élevés que ceux des hypermarchés. C'est le cas en région Paca, mais aussi à Paris, où nous retrouvons des situations tendues".
Les produits concernés
"Les augmentations de prix ont davantage touché des produits sur lesquels il n'y a pas beaucoup de marge", observe la directrice du Crédoc.
Autrement dit: "Plus vous avez de frais liés au marketing, à la communication, à la publicité, autour d'un produit, et plus vous avez de la marge de manœuvre avec la possibilité de réduire ces budgets-là. Or, sur des produits à très faibles marges, l'augmentation du coût des matières premières se ressent plus fortement et, mécaniquement, l'inflation augmente."
Ce qui est le cas dans le panier de courses Franceinfo, et des produits qui arrivent en tête de ceux qui ont connu la plus forte augmentation depuis un an, à savoir: le sucre, la farine et les produits surgelés (en l'occurrence ici des bâtonnets de poisson pané).
Que révèle le panier inflation Nice-Matin Durant un an, du 1er juin 2022 au 2 mai 2023, des journalistes de Nice-Matin ont relevé les prix de onze produits alimentaires "de base" dans deux grandes enseignes des Alpes-Maritimes, à Nice et Saint-Laurent-du-Var. Parmi les produits les plus touchés par la hausse des prix: le sucre, qui a augmenté de plus de 40% en un an dans les Alpes-Maritimes et le Var; le beurre, en hausse de plus de 37%; la farine, qui grimpe de plus de 27%; les pâtes avec plus de 17% et l'huile d'olive, en augmentation de 16%.
Infographie Aurélie Selvi.
De nouvelles habitudes germent chez les consommateurs
La réponse n'est pas unique. Il y a en effet autant d'habitudes que de consommateurs... Même si, pour contrer l'inflation dans les rayons, la tendance est à la diminution.
Une diminution de la consommation confirmée par le Crédoc et "corrélée à une progression de la précarité, ajoute Sandra Hoibian. De plus en plus de personnes sollicitant l'aide alimentaire".
"Les consommateurs ont également tendance à réduire leurs paniers, mais à faire les courses plus souvent, afin de maîtriser ce qu'ils mangent et pouvoir ainsi calculer au plus juste."
La responsable constate également "une descente en gamme, c'est-à-dire que beaucoup de ceux qui achetaient des marques se tournent vers des marques distributeurs, et ceux qui privilégiaient ces dernières passent désormais aux premiers prix".
"Nous constatons d'autre part une progression des achats chez les discounters non alimentaires, complète Sandra Hoibian. Enfin, certains préfèrent limiter leurs dépenses alimentaires à l'essentiel, pour continuer à se faire plaisir par ailleurs, notamment dans le domaine de l'hébergement-restauration, où les budgets des familles ont plutôt tendance à progresser."
Cette situation profite-elle aux petits producteurs et, plus généralement, aux circuits courts?
"Ce n'est pas ce qui ressort de nos données, précise Sandra Hoibian. Au contraire, cela a donné un coup de frein à tout ce qui relève de la consommation verte (bio, locale, en vrac, circuits courts). Nous sommes plutôt sur de la sobriété contrainte, avec une consommation en baisse, car avec des marges de manœuvre réduites il est effectivement difficile d'avoir une implication citoyenne."
1. NielsenIQ est un cabinet spécialisé dans le suivi de la consommation et leader des études de marché.
Source: Nice matin