" Pfizer : qui a peur du grand méchant labo ? " : " Complément d’enquête " explore la face cachée des Big Pharma

May 04, 2023
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Un laboratoire de recherche Pfizer, image extraite du documentaire « Pfizer : qui a peur du grand méchant labo ? ». FRANCE TÉLÉVISIONS

FRANCE 2 − JEUDI 4 MAI À 23 H 00 − MAGAZINE

Pfizer reste pour beaucoup synonyme de vaccin contre le Covid-19, puisqu’il est le laboratoire qui a découvert, avec BioNTech, le premier vaccin commercialisé en Europe. Un exploit scientifique, à l’époque salué par tous, et qui, depuis, a largement contribué au chiffre d’affaires record de 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) que ce mastodonte américain des laboratoires pharmaceutiques a annoncé pour 2022. Aussi l’heure des comptes a-t-elle sonné.

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A Bruxelles, les eurodéputés ont convoqué, en octobre 2022, les responsables des Big Pharma pour, entre autres, leur demander comment les contrats avaient été négociés et obtenir des éclaircissements sur de mystérieux SMS qui auraient été échangés entre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le PDG de Pfizer, Albert Bourla. Or ce dernier n’est jamais venu. Cette absence sert de point de départ au « Complément d’enquête » diffusé jeudi 4 mai, après avoir été déprogrammé jeudi 6 avril.

Musique de fin du monde et mise en scène pesante… Les investigations débutent à Bruxelles. L’Union européenne est le plus gros marché de Pfizer, avec 2,4 milliards de doses, et ces dernières ont vu leur prix passer de 15,50 euros à 19,50 euros. Poursuivie dans les couloirs, Mme von der Leyen refuse, poliment, de s’exprimer. « On raconte qu’au G20 le président de Pfizer a été reçu comme un chef d’Etat », déclare, en revanche, Nathalie Coutinet, enseignante-chercheuse à la Sorbonne-Paris-Nord.

Essais cliniques illégaux

La parenthèse détente est fournie par le récit épique, à Sandwich, au Royaume-Uni, de Peter Ellis, biologiste, et de David Brown, chimiste, les deux chercheurs qui ont découvert les vertus du Viagra par hasard, en le testant sur d’anciens mineurs : « On leur donnait une pilule, ils passaient la nuit à la clinique en observation et devaient nous signaler d’éventuels effets secondaires. » Lancé fin 1998, le Viagra rapporte 1 milliard de dollars par an à Pfizer.

Les journalistes ont également retrouvé à Dakar (Sénégal) un médecin présent au Nigeria en 1996 au moment d’une épidémie de méningite. Il relate avoir vu des chercheurs de Pfizer administrer – à une centaine d’enfants – un antibiotique sans autorisation de mise sur le marché. Accusé d’essais cliniques illégaux, Pfizer a versé 75 millions de dollars d’indemnités.

« Le profit comptait plus que la santé du patient », assure, de son côté, John Kopchinski, l’ancien salarié à l’origine de la plus grosse pénalité jamais infligée à Pfizer. Une large séquence est consacrée à cette affaire : en 2002, c’est lui qui a accusé son employeur d’avoir poussé les médecins à surdoser un antidouleur, le Bextra, au risque de provoquer des AVC. Pfizer a payé 2,3 milliards de dollars, dont 67 millions pour le lanceur d’alerte. « C’est la règle aux Etats-Unis », conclut sobrement la voix off.

Source: Le Monde