Aux Etats-Unis, les Etats fédérés déroulent le tapis rouge aux investisseurs venus du monde entier

May 05, 2023
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XAVIER LISSILLOUR

Lorsque, en 2020, Elon Musk cherchait à quitter la baie de San Francisco pour implanter une nouvelle usine Tesla, le gouverneur de l’Oklahoma, le républicain Kevin Stitt, a essayé de le persuader d’investir dans son Etat, à Tulsa, plutôt qu’au Texas. L’Etat des réserves indiennes et de la ruée de 1889, balayé par les vents et la sécheresse dans les années 1930, lieu des puits de pétrole et du cirque ambulant de Joe Exotic raconté par Netflix : qui voudrait aller vivre en Oklahoma ?

« Quand j’ai rencontré Elon Musk, je savais que ses questions porteraient sur la main-d’œuvre. On a préparé une description des emplois, et j’ai sorti devant lui une boîte de 3 000 curriculum vitæ », confie Kevin Stitt au Monde. « Elon nous a fait une grande publicité », explique le gouverneur, même si l’entrepreneur a finalement choisi Austin, au Texas.

« Le plus grand défi, pour l’Oklahoma, c’est que les gens nous situent sur la carte », explique encore le républicain. Cet Etat, qui aspire à devenir le nouveau Texas, fait valoir ses atouts : « L’électricité y est trois fois moins chère qu’en Europe, le coût de la vie quatre fois plus faible qu’en Californie et nous sommes la capitale mondiale des pipelines », vante M. Stitt.

En cette première semaine de mai, dans le Maryland, au sein d’un gigantesque hôtel sur les rives du Potomac, le gouverneur de l’Oklahoma arpente les couloirs pour convaincre les plus de 1 900 entrepreneurs venus de la planète entière d’investir dans son Etat à l’occasion du sommet SelectUSA, organisé par l’Etat fédéral. Depuis le vote, à l’été 2022, du Chips Act (52 milliards de dollars, soit 47 milliards d’euros) et de l’Inflation Reduction Act (369 milliards de dollars), qui subventionnent massivement l’industrie des semi-conducteurs et la transition énergétique, c’est la ruée vers les Etats-Unis.

« Le meilleur endroit au monde pour investir »

« Les Etats-Unis sont le meilleur endroit au monde pour investir et, si vous ne me croyez pas, regardez les protestations de nos partenaires économiques », a lancé crânement John Podesta, le conseiller de la Maison Blanche. L’administration Biden a conceptualisé, par la voix de son conseiller Jake Sullivan, un nouveau prétendu « consensus de Washington ».

Celui-ci remplace l’ordre libéral démocratique et globalisé de l’après-guerre froide par un nouvel isolationnisme américain qui refuse de dire son nom. Il est censé répondre à la menace chinoise, au défi climatique, aux ruptures d’approvisionnement constatées pendant la pandémie de Covid-19 et à la guerre en Ukraine, ainsi qu’à la révolte des cols bleus contre la mondialisation.

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Source: Le Monde