"Donne poireaux à récolter au champ" : en pleine crise du bio, un producteur contraint de céder sa récolte faute de ventes
En période d'inflation, le bio ne fait plus recette. Pour éviter le gaspillage alimentaire, un producteur de poireaux bio de Gaudechard dans l'Oise a décidé de donner quarante tonnes de légumes, faute de ventes. La crise du bio pourrait pousser l'agriculteur à retourner au conventionnel.
"Donne poireaux à récolter au champ", voilà l'annonce que Stéphane Dreumont, producteur de légumes et céréales, a posté sur Facebook. Mais il ne s'imaginait pas une telle affluence sur sa parcelle de légumes bio située à Gaudechard, à 30 kilomètres au nord de Beauvais.
Dans cette exploitation, les producteurs de légumes bio "les compagnons du légume" proposent une cueillette libre sur le champ jusqu'au samedi 6 mai. "Nous allons perdre une parcelle de poireau bio (qui est en train de monter) suite à une mévente dû à la crise du bio. Nous vous proposons une libre cueillette pour éviter ce gaspillage", écrit Séphane Dreumont.
L'appel est largement entendu par les Isariens, venus des quatre coins du département. Une aubaine pour eux, en période de crise. "Pour une fois qu'on donne quelque chose, il faut en profiter, les temps sont durs. Un grand merci à lui", exprime un retraité, reconnaissant. "Vu le prix du poireau, ça fait des sacrées économies", complète une autre consommatrice.
Une chute de la consommation de légumes bio
Le producteur dénonce une chute "impressionnante" de la consommation de légumes bio dans les grandes surfaces et la restauration collective depuis la période covid. Un phénomène accentué par l'inflation. Le dernier rapport de l'Agence Bio fait état d'une baisse de 1,3 % sur l'année 2021 par rapport à 2020, tous secteurs de distribution confondus, hors restauration.
L’année dernière, le producteur a jeté 700 tonnes de fruits et légumes et 2023 s’annonce tout aussi catastrophique."Nos convictions en prennent un coup", déplore Stéphane Dreumont, dont l'entreprise est passée de 25 à 10 salariés :"on se demande si on ne va pas continuer à réduire cette masse salariale. Le bio est très chronophage, il faut beaucoup de monde pour produire. On a aussi une pénurie de main d'œuvre."
Si la situation continue, le producteur pourrait être contraint à un retour en agriculture conventionnelle. Un déchirement car l’exploitation, transmise de père en fils, est l'une des pionnières du bio, qu'elle cultive depuis 1977.
Source: France 3 Régions