Marché : Dollar, yen, couronne norvégienne... L'euro balaie la plupart des devises sur son passage en 2023
(BFM Bourse) - Depuis le début de l'année la monnaie de la zone euro a gagné du terrain face à quasiment toutes les grandes autres devises des pays développés à l'exception du franc suisse et de la livre sterling.
L'euro prend sa revanche face au dollar cette année. Depuis le 1er janvier, la monnaie de la zone euro a gagné 3,1% (*) face au billet vert, dépassant désormais les 1,10 dollar. Sur un an, cette hausse passe à 4,6%. Ces progressions sont relativement importantes car les variations ne sont jamais très élevées sur le marché des devises, le plus liquide au monde, avec des volumes pouvant atteindre 7.500 milliards de dollars par jour.
Mais l'euro ne gagne pas seulement du terrain contre le dollar, une valeur refuge qui souffre depuis le début de l'année avec le retour de l'appétit pour le risque.
La devise de la zone euro enregistre des gains substantiels face à de nombreuses autres monnaies de pays développés depuis le début de l'année: 2,7% face au dollar canadien, 3,8% face au dollar néo-zélandais, 4,4% face au dollar australien, 5,5% face au yen et 11% face à la couronne norvégienne. On peut également citer une progression de 3% face au yuan.
Seules deux devises "résistent" à l'euro. Et encore, le cas de la livre sterling est discutable. L'euro recule, certes, de 1% face à la monnaie britannique sur le début de 2023, mais il reste en hausse de plus de 2,2% sur un an.
Le franc suisse, le dernier soldat
La seule réelle exception demeure le franc suisse, l'euro baissant de 0,7% face à la devise helvétique depuis le 1er janvier, écart qui se creuse à 5,7% sur un an. La monnaie suisse n'a été que temporairement affectée par les turbulences bancaires de mars, qui ont concerné au plus haut lieu Credit Suisse, la deuxième banque du pays. La devise est soutenue par l'inflation modérée en Suisse, la hausse des prix s'étant établie à seulement 2,9% sur un an en mars, soit plus de deux fois moins que dans la zone euro.
Pourquoi l'euro malmène les autres grandes autres devises des pays développés? Une grande partie de la réponse tient à la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE). Alors que l'inflation demeure élevée, la banque centrale reste en retard de ses consoeurs sur son cycle de resserrement monétaire et doit ainsi encore relever ses taux, ce qui soutient évidemment la monnaie.
Jeudi, elle a augmenté ses taux de 25 points de base (0,25 point) et sa présidente, Christine Lagarde, a souligné qu'une pause n'était pas à l'ordre du jour, la BCE ayant encore "du chemin à parcourir" pour ramener l'inflation sur la voie des 2%.
"La situation s'est considérablement améliorée pour l'euro au cours des derniers mois. La BCE est désormais 'hawkish' [elle adopte un ton restrictif, NDLR], elle augmente ses taux plus rapidement et plus longtemps que la Fed [Réserve fédérale américaine], et sa communication est plus claire et plus cohérente, y compris lors des récentes turbulences bancaires", a expliqué fin mars Bank of America. "L'économie [de la zone euro, NDLR] est résiliente" et "les termes de l'échange se sont améliorés grâce à la baisse des prix de l'énergie" et la réouverture de la Chine, ajoutait la banque américaine.
"Devise hier méprisée, l’euro connait depuis le quatrième trimestre 2022 un retour de flamme très significatif et apparaît aujourd’hui comme l’une des devises favorites des investisseurs, notamment en raison du calme qui plane sur l’Europe depuis plusieurs semaines et mois [...] mais aussi une attractivité renforcée par des anticipations de rendements obligataires européens plus élevés sous l’impulsion d’un possible prolongement de la politique de durcissement monétaire de la part de la Banque centrale européenne jusqu’à juillet", a développé de son côté Guillaume Dejan, stratégiste devises chez Western Union, dans une récente note.
La conjoncture a, par ailleurs, mieux résisté que ne le prévoyait le marché. La zone euro a évité la récession, avec une progression de son PIB de 0,1% sur les trois premiers mois de 2023, selon Eurostat.
Encore du potentiel ?
Reste à savoir si l'euro poursuivra ce bon parcours. Les bureaux d'études pensent que la devise a encore du champ pour s'apprécier face au dollar. UBS voit l'euro-dollar grimper à 1,16 dollar d'ici à la fin de l'année, Deutsche Bank évoque une fourchette située entre 1,15 et 1,20 dollar.
"D’un point de vue de la valorisation pure, la devise européenne n’a fait que la moitié du chemin, et même un peu plus face à des devises comme les deux couronnes nordiques (norvégienne et suédoise) ou encore face au dollar canadien et au dollar néo-zélandais", estime Guillaume Dejan.
"Compte tenu des niveaux de volatilité actuels sur les marchés actions – relativement bas – il y a fort à parier que l’ascension de l’euro n’est probablement pas terminée et pourrait encore vivement accélérer en cas de secousses financières", ajoute-t-il.
Pour ce qui est de la livre sterling et du franc suisse, UBS juge que les deux parités devraient rester relativement stables. La banque suisse table sur un euro à 0,97 franc suisse en juin (contre 0,98 franc à l'heure actuelle), niveau qui se maintiendrait ensuite. Pour la livre sterling, UBS juge que l'euro devrait s'inscrire à 0,87 livre en juin puis rester à ce niveau jusqu'en mars 2024, soit quasiment le même taux de change qu'à l'heure actuelle (0,88 livre pour un euro).
(*) Les variations ont été arrêtées vendredi à midi.
Source: BFM Bourse