Des nouvelles plates-formes de voyage pour relancer les trajets bas carbone
Un wagon-lit du train de nuit Paris-Nice, le 20 mai 2021. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
L’un raconte par le menu comment il a rejoint, en train puis en ferry, Marrakech (Maroc), depuis la ville de Nantes, en transformant la moindre de ses galères en aventure. D’autres relatent leur échappée vers la Sicile, en l’agrémentant de photos prises dans les couchettes d’un train qui relie Rome à Catane.
Depuis le mois de mars, sur les réseaux sociaux, ces témoignages de voyageurs sont mis en avant par de nouvelles plates-formes associatives. Avec une vocation, inspirer et redonner le « réflexe » du voyage par chemin de fer à ceux qui l’auraient oublié au profit du seul avion. « Nous ne nous attendions pas à ce que le projet suscite un tel intérêt », constate Chiara Pellas, 26 ans, une des cofondatrices de la bien nommée Mollow.
Lancée en mars, cette plate-forme a attiré plus de 60 000 visiteurs en un mois et vu sa communauté s’étoffer. « Il y a plus de bénévoles que de besoins », relève, de son côté, Clémence Martin, l’une d’entre eux, qui note « une vraie résonance écologique » du projet dont l’objet est d’éviter 1 million de tonnes d’émissions de CO 2 d’ici à cinq ans.
Créé dans la foulée, sur le même modèle, Hourrail ! suscite également une forte curiosité. Avec plus de 220 000 pages vues en un mois et demi. « En moyenne, sur cent personnes qui consultent notre site, huit ont cliqué sur un lien pour acheter un billet », souligne Benjamin Martinie, 32 ans, un des créateurs.
« Une demande des milléniaux »
« Ce type d’initiative répond essentiellement à une demande de la part des générations nées après l’an 2000, insiste Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage. Les comportements commencent à changer chez ces milléniaux. Certains affirment leur volonté de sobriété, voire d’abstinence en matière de voyages en avion », ajoute-t-il.
Ces sillons paraissent toutefois encore bien minces au regard de l’actuelle reprise des voyages en avion, alimentée par le désir de conjurer les effets des confinements lors du Covid-19. D’après l’observatoire des Entreprises du voyage, les réservations pour la période du 1er mai au 1er juin ont augmenté de 42 % sur les moyen-courriers et de 48 % sur les long-courriers par rapport à la même période de 2022.
Certes, de nombreuses plates-formes de réservation existent depuis des années. Au rang des plus connues, on compte SNCF Connect, Trainline, Kombo, Omio. Ou celle de la carte InterRail, qui permet de voyager sur le réseau ferré européen (de quatre jours jusqu’à trois mois).
Les nouvelles venues veulent aller plus loin, en suggérant des itinéraires testés par des voyageurs ou issus, comme le fait Mollow, du récent guide de l’ONG Greenpeace : 41 idées de voyages écologiques à travers l’Europe. Pour « changer de paradigme », le voyageur choisit son trajet en fonction du temps dont il dispose et non en fonction de la destination choisie, avec les prix estimés, des liens de réservation pour chaque étape, des commentaires sur le confort ou l’empreinte carbone qui correspond.
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Source: Le Monde