Conflit au Soudan : des discussions entre les belligérants s’ouvrent en Arabie saoudite

May 06, 2023
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Des discussions entre des représentants des forces armées du général Abdel Fattah Al-Bourhane et des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », s’ouvriront samedi 6 mai à Djedda, en Arabie saoudite, ont confirmé dans un communiqué conjoint Riyad et Washington. Les Etats-Unis et l’Arabie saoudite se félicitent du « début des discussions prénégociations » et appellent les deux parties à « s’impliquer activement » pour aboutir à un « cessez-le-feu et à une fin au conflit ».

Depuis le 15 avril, la guerre entre l’armée dirigée par le général Bourhane et les FSR du général Hemetti a fait au moins 700 morts, 5 000 blessés, 335 000 déplacés et 115 000 réfugiés, selon un bilan largement sous-estimé. Les hôpitaux ne peuvent suivre : moins d’un sur cinq est encore en fonctionnement à Khartoum, la capitale, et quasiment aucun au Darfour. « Le royaume d’Arabie saoudite et les Etats-Unis exhortent les deux parties à prendre en considération les intérêts de la nation soudanaise et à s’impliquer activement dans les discussions vers un cessez-le-feu et une fin au conflit », déclarent Riyad et Washington.

Alors que les frappes aériennes et les explosions ont continué à secouer toute la journée de vendredi différents quartiers de Khartoum, l’armée du général Bourhane avait déjà annoncé dans la soirée avoir dépêché des négociateurs en Arabie saoudite. Ces émissaires vont se retrouver à Djedda pour « discuter des détails de la trêve » plusieurs fois renouvelée mais jamais respectée, a-t-elle expliqué, sans que l’autre camp, celui des FSR, ne commente ces informations dans l’immédiat.

La faim, conséquence de la guerre

Depuis plusieurs jours, l’émissaire des Nations unies (ONU) au Soudan, Volker Perthes, explique que les deux belligérants s’étaient dits « prêts à entamer des discussions techniques » portant uniquement sur les modalités d’un cessez-le-feu, citant l’Arabie saoudite comme un lieu de rencontre possible. Un retour à des négociations politiques sur l’avenir du pays, sorti en 2019 de trente années de dictature militaro-islamiste pour replonger sous la coupe des militaires avec le putsch des deux généraux en 2021, ne sera envisageable qu’après une véritable trêve, avait-il jugé.

Au-delà des victimes directes, cette nouvelle guerre fait progresser la faim, un fléau qui touchait déjà un Soudanais sur trois. Selon l’ONU, entre 2 millions et 2,5 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de malnutrition aiguë d’ici à six mois si le conflit se poursuit. Face à cette « catastrophe » dénoncée par les humanitaires, la communauté internationale peine à agir en rangs organisés. Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU tiendra une session spéciale le 11 mai, soit près d’un mois après le début des hostilités. Dimanche, ce sont les ministres des pays de la Ligue arabe qui doivent examiner « le dossier soudanais » sur lequel ils sont profondément divisés, après plusieurs discussions entre dirigeants de l’Union africaine (UA) et de l’IGAD, organisation régionale de l’Afrique de l’Est.

Le Darfour durement touché

La médiation américano-saoudienne ne semble pas toujours converger avec les autres efforts régionaux en vue de faire taire les armes. Pour le renseignement américain, il faut s’attendre à un conflit « prolongé » dans ce pays de 45 millions d’habitants, parce que « les deux camps pensent pouvoir l’emporter militairement et ont peu de raisons de venir à la table des négociations » pour discuter de leur avenir politique.

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L’ONU prévient que 860 000 personnes, des Soudanais mais également de nombreux Sud-Soudanais retournant dans leur pays, pourraient traverser les frontières ces prochains mois et réclame 402 millions d’euros pour aider le pays, l’un des plus pauvres au monde. « Plus de 56 000 personnes » sont arrivées en Egypte, selon l’ONU, « 30 000 au Tchad », « plus de 12 000 » en Ethiopie et 10 000 en Centrafrique.

Au Darfour, dans l’ouest frontalier du Tchad, des civils ont été armés pour participer aux affrontements mêlant militaires, paramilitaires et combattants tribaux ou rebelles, selon l’ONU. L’ONG Norwegian Refugee Council, dont les locaux ont été pillés, dénombre « au moins 191 morts, des dizaines d’habitations incendiées et des milliers de déplacés » dans cette région ravagée dans les années 2000 par un conflit qui a fait environ 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, toujours selon les Nations unies.

Des témoins ont aussi rapporté jeudi des combats à El-Obeid, à 300 kilomètres au sud de la capitale. Dans la ville côtière de Port-Soudan, épargnée par les violences, l’ONU et de plus en plus d’ONG tentent de négocier l’acheminement de ravitaillement vers Khartoum et le Darfour où hôpitaux et stocks humanitaires ont été pillés et bombardés.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde