Les Chiliens élisent un conseil chargé de rédiger une nouvelle Constitution
Andres Tagle, président du conseil directeur du service électoral chilien, et Raul Garcia, directeur national du service électoral chilien, montrent des bulletins de vote lors d’une conférence de presse sur la prochaine élection du Conseil constitutionnel, à Santiago, mardi 2 mai 2023. ESTEBAN FELIX / AP
La phrase est répétée à l’envi. « Il nous faut une Constitution avec plus de droits sociaux, qui unisse les Chiliens », fait valoir Yerko Ljubetic (Convergence sociale, gauche), en cette fin avril, aux clients d’un marché de la commune populaire d’Independencia (agglomération de Santiago). Sur les prospectus distribués par le candidat figurent ses priorités : protection sociale, réponse à la crise climatique, participation citoyenne. Dimanche 7 mai, plus de 15 millions d’électeurs chiliens sont appelés aux urnes – le vote est obligatoire – afin de désigner les 50 conseillers constitutionnels chargés de participer à la rédaction d’une nouvelle Loi fondamentale pour le pays.
Ce scrutin sera un test important pour le gouvernement de Gabriel Boric. Il fera office de sondage grandeur nature. Il confortera ou nuancera le rapport de force défavorable à la coalition présidentielle qui s’est déjà dessiné au Congrès, où est débattue une réforme des retraites, destinée à instituer un système plus solidaire, soutenue par le gouvernement.
Le principe d’un Etat subsidiaire
Il s’agit d’une seconde tentative de remplacer l’actuelle Constitution, écrite sous le régime d’Augusto Pinochet (1973-1990). En mai 2021, les Chiliens avaient désigné une Assemblée constituante de 155 personnes, penchant clairement à gauche et composée majoritairement d’indépendants, qui n’étaient affiliés à aucun parti politique. Pendant un an, elle avait préparé un texte qui faisait la part belle aux droits sociaux (santé, logement, éducation), au respect de l’environnement et aux droits des minorités. Une disposition clivante portait sur la reconnaissance, en tant que nation, des populations autochtones, qui composent 13 % de la population, définissant le Chili comme un Etat plurinational. Le 4 septembre 2022, 62 % des électeurs avaient rejeté le texte lors d’un référendum.
« C’est une honte d’avoir toujours une Constitution écrite en pleine dictature (1973-1990). Il nous faut une Constitution qui soit approuvée en démocratie et qui apporte des réponses à la crise sociale », argumente le candidat Yerko Ljubetic. La nécessité de remplacer le texte actuel, réformé à différentes reprises mais à l’origine jugée illégitime, est apparue avec force lors du grand mouvement social contre les inégalités de 2019. La Constitution était alors accusée de figer les inégalités sociales du pays avec son principe d’Etat subsidiaire, n’intervenant qu’après le secteur privé. L’horizon d’un nouveau texte était perçu comme une forme de nouveau contrat social, alors que des centaines de milliers de personnes manifestaient dans la rue.
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Source: Le Monde