A Montpellier, des préparatifs mémoriels et festifs à la destruction de la tour d’Assas

May 08, 2023
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Un funambule, entre la tour d’Assas et la tour du Pic-Saint-Loup, à Montpellier, le 7 mai 2023. FRANÇOIS THIAUCOURT

En ce dimanche 7 mai, par un temps clair et peu venteux, un funambule a opéré une traversée, au cœur de la Mosson, anciennement baptisé La Paillade, le quartier le plus populaire de Montpellier. En l’air, devant la foule, il est parti de la tour d’Assas pour rejoindre celle du Pic Saint-Loup. Une manifestation artistique souhaitée par la ville, avant que la première, la plus haute tour d’habitation de Montpellier, ne soit détruite fin 2024, cinquante-quatre ans après sa construction.

Pour symboliser ce changement d’époque, la tour d’Assas revêt une allure particulière : une immense bâche montre un homme, de dos, une valise à la main. La lecture peut être double : un homme qui arrive et qui s’installe, en 1969. Ou le même, en train de quitter les lieux, aujourd’hui.

Dans l’intervalle, cette tour comptait dans les années 1990 plus de 600 habitants répartis dans ses 22 étages, la plupart originaires du Maroc. En 2009, elle en accueille davantage, sans doute 800, dans des appartements parfois surpeuplés, dans des locaux dégradés, avec les trois ascenseurs souvent en panne et des coupures d’eau qui rythment le quotidien. En 2015, ce sont une vingtaine de femmes, habitantes de la tour qui s’organisent en collectif et demandent elles-mêmes une solution, quitte à envisager la destruction.

C’est évidemment important pour la suite : la mairie de Montpellier décide, en réponse, de la démolition, en accord avec les habitants. Aujourd’hui, elle souhaite qu’ils s’emparent de cet événement pour se remémorer ce qu’ils y ont vécu.

Travail de mémoire

Et de fait, la bâche n’est que la partie la plus visible d’un vaste projet qui a impliqué la population. La mairie avait lancé un appel à candidatures pour trouver l’équipe qui arriverait à créer un projet intégrant les habitants. Le dossier lauréat a permis, en amont de la pose de la bâche, un travail de mémoire avec les anciens résidents de la tour d’Assas.

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Aux manettes, l’i. PEICC, association d’éducation populaire bien implantée à la Paillade, et Nourdine Bara, un habitant devenu incontournable dans le quartier : c’est lui qui organise régulièrement des « agoras », proposant aux habitants de venir parler du livre qu’ils sont en train de lire, ou aux communautés de venir renouer le dialogue après une période de tension dans le quartier. C’est à lui, aussi, que le sociologue centenaire Edgar Morin s’est adressé quand il a voulu venir dialoguer avec des jeunes du quartier, toujours dans une agora organisée en plein air devant les halles, en octobre 2022. Enfin, troisième associé au sein de l’équipe, Al, l’artiste qui a conçu et réalisé la bâche.

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Source: Le Monde